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Publié le 13 juin dans Le Dauphiné
Que représentent, pour vous, ces dîners du Crif ?
De Nice à Marseille et à Toulouse, en passant par Grenoble ou Lyon, les dîners du Crif sont des moments de convivialité et d’unité républicaine. Le dialogue peut être vif, mais il est toujours sincère. Les préoccupations du Crif sont celles de la République.
Quel message allez-vous délivrer ce soir ?
Le message de cette année sera, encore une fois, en lien avec l’actualité. Car l’antisémitisme déclaré tue toujours. Je rappellerai que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, douze Français juifs ont été tués, uniquement parce qu’ils étaient juifs. Je parlerai aussi de l’antisémitisme au quotidien, celui qui n’est pas toujours accompagné de gestes violents, mais qui rend la vie impossible à de nombreuses familles qui finissent par quitter leurs lieux d’habitation. Nous avons recueilli des quantités de témoignages de familles, qui vivaient dans des quartiers dits difficiles, et qui ont dû en partir parce que des tags insultants étaient inscrits sur leurs boîtes aux lettres, parce que les insultes pleuvaient quotidiennement, parce que leurs mézouzas [objet de culte juif fixé sur le linteau des portes d’entrée, NDLR] étaient constamment arrachées, détruites, souillées.
Vous êtes aussi en combat contre le mouvement BDS, qui appelle au boycott des produits israéliens…
Vous savez, il est tout à fait normal que le gouvernement israélien puisse être critiqué, comme le gouvernement français l’est aussi. C’est une question de politique, de démocratie. Et croyez-moi, en Israël, les médias sont libres et ne sont pas muets. En revanche, l’appel au boycott est formellement interdit en France et BDS ne se place pas sur le terrain politique. Non : il appelle à une délégitimation de l’État d’Israël. Son obsession antisioniste trouve, à mon avis, ses racines dans ce que beaucoup appellent “le nouvel antisémitisme”. Et c’est très dangereux, surtout à l’époque actuelle. Je ne suis pas le seul à le dire. Je rappelle que le président Emmanuel Macron a lui même condamné ce nouvel antisémitisme.
Comment souhaitez-vous le combattre ?
Il y a évidemment le combat politique et le combat judiciaire, mais je crois qu’une des clés se trouve vraiment dans l’éducation. Et dès le plus jeune âge.
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Notes sur le 16ème Dîner du Crif Grenoble-Dauphiné
L’ancien Premier Ministre et actuel député Manuel Valls était l’invité d’honneur du 16ème dîner annuel du Crif Grenoble-Dauphiné, qui s’est tenu le 14 juin dernier à Grenoble. Près de trois cents personnes étaient présentes, dont deux anciens ministres grenoblois : Geneviève Fioraso et Alain Carignon.
Yves Ganansia, président du Crif grenoblois, a remercié Manuel Valls pour son engagement concret dans la lutte contre l’antisémitisme et pour la défense de la laïcité, puis a parlé de la responsabilité des média dans la montée de la haine anti-juive, et de l’illégalité des actions du mouvement BDS. Francis Kalifat, président national du Crif, a expliqué sa position suite à la polémique née de sa volonté de ne pas inviter les représentants du Front national et de la France insoumise à la Marche blanche en hommage à Madame Mireille Knoll. Enfin, Manuel Valls, déclarant que la France a « trop fermé les yeux sur l’antisémitisme d’origine musulmane », a appelé à une prise de conscience générale pour condamner ceux qui distillent la haine des Juifs.
De gauche à droite : Lionel BEFFRE, Préfet de l’Isère, Yves GANANSIA, président du Crif Grenoble-Dauphiné, Mohamed DJERBI, président de la LICRA, Eric PIOLLE, maire de Grenoble, Manuel VALLS, ancien Premier Ministre, Christophe FERRARI, président de Grenoble-Alpes-Métropole, Geneviève FIORASO, ancienne ministre