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L’Arche : Comment ressentez-vous cette campagne ?
Francis Kalifat : Je la ressens, comme la grande partie des Français, comme une campagne qui nous met dans l’incertitude totale. Il y a une succession d’affaires pour les différents candidats qui fait que depuis le début de la campagne on a très peu parlé des programmes des candidats pour ne parler que des affaires. C’était Fillon, c’était Le Pen, c’était Macron… Là, il semblerait que les affaires n’intéressent plus les médias et on commence à rentrer dans la véritable campagne.
Alors que vous dire sur cette campagne elle-même ? D’abord, c’est une inquiétude pour nous, Français juifs, de voir le Front national à un niveau tel qu’il y a un risque de le voir arriver en tête du premier tour, et qui sait, peut-être à Dieu ne plaise, gagner cette élection. Mais aussi une deuxième inquiétude qui est de voir que dans notre pays l’extrême gauche est aussi en progression très sensible puisqu’on a vu Jean-Luc Mélenchon donné aujourd’hui dans les enquêtes d’opinion a près de 15%. C’est donc une véritable préoccupation et je crois qu’il y a matière aujourd’hui à ce que les partis que je considère comme républicains se reprennent un peu et qu’on puisse retrouver une sérénité en abordant le premier tour.
Vous avez invité aux Amis du Crif, Macron et Fillon. Est-ce à dire que le choix, pour vous, se résout à cette alternative ?
Nous avions invité les trois candidats que sont Macron, Fillon et Hamon. Il se trouve que Hamon n’a pas donné suite à notre invitation pour des raisons qu’il nous a données d’ailleurs et qui étaient des raisons de calendrier. Nous n’avons donc pas pu l’écouter ni l’interroger à ce moment-là. Donc, le choix pour nous s’est réduit à ces trois candidats-là en sachant qu’en réalité les positions les plus extrêmes que prend Benoît Hamon nous paraissent aussi compliquées pour l’électorat juif.
Vous vous dites inquiet de la progression de Marine Le Pen. Y a-t-il eu des tentatives de rapprochement de la part du Front national dans les mois passés ?
Les tentatives de rapprochement sont quasi permanentes. Dans les mois passés, nous avons eu des tentatives de prises de contact pour rencontrer le président du Crif qui était à l’époque Roger Cukierman, et qui s’étaient heurtées bien évidemment à une fin de non recevoir.
Sur cette campagne là, depuis mon élection en mai, je n’ai pas eu de tentative directe, mais nous savons qu’il y a énormément de tentatives de rapprochement qui se font par le biais de petites organisations ou de petits groupuscules qui veulent rendre le Front national fréquentable, ce qui n’est pas du tout la position du Crif ni celle d’une grande partie de la communauté juive de France. Le Front national reste infréquentable. Il reste un parti que nous devons éliminer de nos suffrages. La question ne se pose même pas. Je crois qu’il y a une quasi-unanimité au sein des associations juives, y compris chez les juifs qui ne se sentent pas impliqués dans les associations.
Est-ce qu’à défaut de consignes, vous donneriez des orientations à l’électorat juif ?
C’est une élection à deux tours. Au premier tour, il faut une mobilisation des citoyens pour aller voter, parce que je crois que c’est une élection importante. On doit aujourd’hui aller voter. Chacun doit exercer son devoir citoyen. Et la deuxième chose, c’est au deuxième tour exclure des votes l’extrême droite ou l’extrême gauche et se limiter aux trois grands candidats que je qualifierai de républicains.
Si le Front national est opposé soit à Emmanuel Macron, comme semblent le dire les sondages, soit à François Fillon, à ce moment-là nous donnerons une consigne qui sera de faire barrage au Front national.
Publié dans l'Arche le 3 Avril 2017