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C'est peu dire que Jacques Chirac a marqué de son empreinte quarante ans de vie politique française.
Pour les Français juifs, Jacques Chirac est aussi, sinon d'abord, l'homme d'un comportement et d'un acte. Ce comportement, c'est son refus total et permanent de l'extrême-droite ; son humanisme personnel, son attachement aux valeurs républicaines, sa lutte contre toutes les discriminations et le non-respect d'autrui ont permis à la droite française, grâce à lui, de ne jamais frayer avec ce mouvement, représenté par le Front national et son chef Jean-Marie le Pen, qu'il a largement battu à l'élection présidentielle de 2002. Dans le même esprit, Jacques Chirac a toujours détesté et combattu avec fermeté l'antisémitisme, qu'il soit d'extrême-droite ou d'origine islamiste.
Communauté juive et antisémitisme
La route de Jacques Chirac a souvent croisé celle de la communauté juive de France, avant même qu’il ne devienne Président de la République. En 1986, Jacques Chirac est Premier Ministre et Maire de Paris. A la cérémonie annuelle de la commémoration du Vel d’Hiv cette année-là, il appelait la France à conjurer les démons du racisme et de la xénophobie. Un appel toujours d’actualité.
"Jacques Chirac s'est très vite positionné comme un Président fondamentalement engagé contre la haine de l'autre" rappelle le Président du Crif Francis Kalifat.
Jacques Chirac s’est continuellement mobilisé contre l’antisémitisme et a toujours témoigné une amitié sincère aux Français juifs. En 2003, il reçoit le Crif à l’Elysée à l’occasion du 60ème anniversaire de l’institution. Dans un discours marquant, après un rappel des principaux événements de l’histoire du Crif, il félicitait l’institution pour son travail profondément républicain et condamnait à jamais la haine des Juifs : "L'antisémitisme est contraire à toutes les valeurs de la France. Il est insupportable. Les actes antisémites doivent être combattus sans relâche et poursuivis avec la plus grande sévérité. Personne, en France, ne doit pouvoir être agressé à cause de son origine ou de sa religion."
Francis Kalifat se souvient de cet anniversaire particulier : "Le Président de la République avait rendu un hommage vibrant au travail du Crif et avait inscrit l'association dans la tradition républicaine. Une réalité qui ne se dément pas."
La même année, le 17 novembre, il réagit avec fermeté à l’incendie criminel d’une école juive en Seine-Saint-Denis. Il déclare notamment attendre "une sévérité et une rapidité dans la sanction des actes antisémites".
Rappelons-nous aussi de cette phrase, peut-être l’une de celles qui sera le plus empruntée au Président Chirac : "Quand on s’attaque à un juif, c’est à la France toute entière qu’on s’attaque." Cette phrase, il la prononce le 8 juillet 2004, au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. C’était il y a plus de 15 ans.
Mémoire
Jacques Chirac a également beaucoup œuvré pour la mémoire de la Shoah.
"Il ne faut pas oublier que Jacques Chirac a été le premier Maire de France à procéder à la pose d'une plaque commémorative, dans le 9ème arrondissement de Paris, en mémoire d'enfants juifs déportés pendant la Shoah" souligne Francis Kalifat.
En 1987, il se rend à Roglit, en Israël, devant le mémorial de la déportation des Juifs de France, et y déclare "Nous n’oublierons les sacrifices de tant d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont morts pour la seule raison qu’ils étaient juifs".
Quelques années plus tard, en 1995, Jacques Chirac est désormais Président de la République. Le 16 juillet, lors de la cérémonie de la commémoration du Vel d’Hiv, il prononce un discours historique sur la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs de France. Une déclaration sans précédent, qui marque les cœurs et les esprits. Pour Jacques Chirac, il est temps que la France regarde son Histoire en face. Son discours induit une véritable rupture politique qui sera suivie par trois Présidents successifs, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. Ses paroles essentielles ont aussi changé la manière de parler et d'enseigner l'Histoire de la Shoah. C'est la première fois qu'un Président de la République reconnaît la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs.
"Aujourd'hui, ce discours est, je crois, dans tous les esprits. Il a profondément marqué le récit national concernant la déportation des Juifs de France. Dans l'Histoire de la mémoire de la Shoah, Il y a un avant et un après 1995." précise le Président du Crif.
Son travail pour la mémoire continue avec l’inauguration du Mémorial de la Shoah en 2005, puis en 2007 avec l’entrée des Justes de France au Panthéon, une action qu’il réalise de concert avec Simone Veil alors Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Israël
"S'il affichait une amitié sincère envers la communauté juive de France, Jacques Chirac avait cependant une relation plus compliquée avec Israël." explique Francis Kalifat. "Nous avons en mémoire le fameux incident avec les responsables israéliens chargés de sa sécurité lors de sa visite de la Vieille Ville de Jérusalem, le 22 octobre 1996, à l'occasion de son voyage officiel au Moyen-Orient. Sa position souvent déséquilibrée caractérisait à l'époque la politique française au Moyen-Orient." conclu t-il.