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Les noms d'Imad Ibn-Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Loïc Liber, Jonathan Sandler, Arié Sandler, Gabriel Sandler, et Myriam Monsonego n'auront jamais autant résonné dans la salle Voltaire des Assises de Paris.
Durant ces deux jours et demi, les avocats des parties civiles se sont succédés à la barre. Ils ont, avec la force de conviction des grands avocats, plaidé les causes de leurs clients.
Régulièrement interpellés, les accusés, tantôt assis, le dos courbé, tantôt avachis, les avant-bras dans le vide à l'extérieur du box de verre, sont inertes, le regard vide et l’esprit visiblement ailleurs.
Tous les avocats, ou presque, ont dénoncé le manque d'élégance de la défense, visant particulièrement Maître Dupond-Moretti, absent en ces jours de plaidoiries.
Les avocats des victimes et familles des victimes d’Ozar Hatorah – parmi lesquels Maître Cohen, Maître Morice, Maître Goldmann et Maître Korchia – rappellent l’atrocité qu’ont été les assassinats des petits Gabriel, Arieh et Myriam et de Jonathan Sandler. Sous le regard ému mais concentré de Samuel Sandler, ils ont fermement condamnés les accusés et ont appelé la cour à ce que justice soit rendue.
Maître Philippe Soussi, avocat d'Aaron-Brian Bijaoui, rescapé de l'école Ozar Hatorah a un message de son client pour la cour : « Je ne veux pas voir les complices du barbare qui a bouleversé ma vie et qui a assassiné mes camarades d'école ». La salle se fige.
Maître Berges-Kuntz lui succède. L'avocate de Loïc Liber entame une plaidoirie toute axée sur l'honneur de la patrie et des militaires.
Elle est suivie par Maître Mouhou, l’avocat de Imad Ibn Ziaten. Il entame sa plaidoirie par un récit à la première personne, dont le narrateur n’est autre que son défunt client. « Je voulais juste vendre ma moto Monsieur le Président ».
Son propos est illustré des quelques vers du Dormeur du Val. La cour ne peut s’empêcher de voir ce soldat étendu sur le sol, le front face au ciel.
Vendredi 27 octobre, Maître Picard, qui représente les parents d'Abel Chennouf - assassiné le 15 mars 2012, a rappelé la douleur de ses clients en mentionnant les derniers mots du père à son fils, au dessus de son cercueil : "Va mon enfant, dors en paix, je saurai pourquoi tu as été assassiné."
Deux jours et demi de plaidoiries et l’impression d’en sortir comme l’on sortirait d’un tambour de machine à laver. Lessivés. Epuisés. Les avocats, les familles des victimes, la cour entière marchent lentement pour sortir du Palais de justice pendant les suspensions d’audiences ou à la fin des interminables journées.
Aujourd’hui, lundi 30 octobre, à l’issue de la dernière plaidoirie des parties civiles menée par Maître Klugman, l’Avocate Générale Naïma Rudloff commence ses réquisitions à l’encontre des deux accusés.
Elle reprend les éléments chronologiquement, remontant à la genèse de la famille Merah, longuement étudiée au cours du procès. A propos de l’assassinat de Imad Ibn Ziaten, elle déclare "Concernant l'attaque du 11 mars Mohamed Merah a ciblé une victime et a donné RDV à une victime" Elle énumère les erreurs des frères Merah, depuis le vol du scooter T-max jusqu’aux empreintes digitales du tueur retrouvées dans un cyber café.
A la fin de ses réquisitions, la sentence tombe : L'Avocate Générale requiert la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans pour Abdelkader Merah. Quant à Fettah Malki, elle demande 20 ans de réclusion, avec une peine de sûreté des deux tiers.
Au moment où elle demande ces peines, des parties civiles applaudissent.
Demain commenceront les plaidoiries de la défense. Elles se poursuivront jusqu’à jeudi, date de la fin d’un procès historique.
Marie-Sarah Seeberger