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Francis Kalifat a tout d'abord fait une longue description du sentiment de frustration et de colère qui traverse la Communauté juive.
En déclarant l'assassin présumé pénalement irresponsable, la chambre de l’instruction prive, à ce stade, la famille de Sarah Halimi d’un procès indispensable à son travail de deuil mais aussi la France tout entière d’un nécessaire procès de l’antisémitisme.
Francis Kalifat a exprimé l'incompréhension de la demande du Procureur général de requérir l'abolition. Il a souligné que le débat entre abolissement et altération du discernement aurait dû être tranché par une Cour d'assises et un Jury populaire, "au nom du Peuple français". Sans préjuger de la Responsabilité pénale de l'assassin présumé, un procès aurait eu la vertu d'éclairer certaines zones d'ombre de l'Instruction notamment l'absence de reconstitution, et aurait permis aux familles de terminer leur douloureux travail de deuil.
Un procès aurait également permis de juger la démarche de radicalisation allant de pair avec une haine antisémite, reconnue par la Cour d'appel qui convient du caractère aggravant d'antisémitisme du crime. Francis Kalifat rappelle à ce propos que l'Instruction avait attendu 9 mois pour que le caractère aggravant d'antisémitisme du crime soit reconnu par le Juge d'instruction.
La Ministre a insisté sur le caractère non-définitif de la décision de la Chambre d'accusation puisque la Cour de Cassation a été saisie par les Parties civiles et le Procureur de Paris. Elle a ensuite rappelé le Droit, à savoir que l'altération ou l'abolition doivent être appréciés au moment des faits.
Francis Kalifat craint un mauvais signal d'une lutte contre l'antisémitisme qui ne met pas ses actes au niveau des engagements. Le temps n’est plus à l’obligation de moyens, il faut sans tarder se fixer une obligation de résultats et actionner tous les leviers de l’Etat : Police, Justice, Education et l’ensemble de la société pour appliquer, avec la rigueur que la situation impose, le principe de tolérance zéro.
À l'issue d'une longue et intense conversation, d'autres sujets ont été abordés, comme notamment la hausse importante des actes et violences antisémites en 2019 par rapport à 2018 et la demande maintes fois répétée par le Crif d'une publication des condamnations des actes antisémites. La Ministre a répondu qu'on ne pouvait pas faire de distinction entre les actes antisémites et l'ensemble des actes de discrimination. La Ministre s'est engagée à publier ces informations.
La Ministre était accompagnée de M. Olivier Christen, Directeur adjoint du cabinet.
Francis Kalifat était accompagné de Yonathan Arfi, Vice-président du Crif et de Robert Ejnes, Directeur exécutif du Crif.