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Par Marc Knobel, Historien et Directeur des Etudes au Crif
Samedi 19 janvier, seconde demi-finale de Destination Eurovision retransmise sur France 2, présentée par le chanteur canadien Garou, neuf artistes sont en lice dans la deuxième demi-finale afin de les départager. Qui représentera donc la France au concours de l’Eurovision, à Tel-Aviv, en 2019 ? Voilà un vrai challenge musical et festif. Dans l’assistance, c’est la fête donc. Des drapeaux sont brandis, la musique retentit dans toute la salle, les artistes se produisent les uns après les autres, avec une énergie folle, des prestations énergiques et colorées, on voit aussi des chanteuses avec de belles robes de plumes et de sequins, des nuages de fumées, l’interaction avec les danseurs… C’est super. Puis, vient le tour de la chanteuse israélienne Netta Barzilai qui se tient sur scène pour interpréter son succès. Quand soudainement, quatre individus envahissent le plateau en direct pour dénoncer l'organisation du prochain concours Eurovision en Israël. Ils tiennent à la main une pancarte « Non à l’Eurovision 2019 en Israël ! » La scène ne dure pas longtemps. Et, la sécurité déloge les intrus qui se croient autorisés d’interrompre une artiste, de censurer la musique et l’art.
France 2 a réagi dans un communiqué de presse après la manifestation sur son plateau : « L'Eurovision est avant tout un divertissement d'une ampleur internationale unique et ouvert à une très grande diversité artistique. La musique, qui n'a pas de frontière, en est son essence, avec pour ambition universelle le dialogue entre les peuples, l'ouverture et le vivre-ensemble. Au-delà d'offrir à la scène musicale française une exposition hors du commun dans le monde entier, notre participation à ce show de variétés incontournable s'attache aussi à véhiculer ces valeurs humanistes. »
Mais, voilà. Après cet événement, ce sont maintenant les candidats du programme qui reçoivent des menaces.
L’un des quatre chanteurs qualifiés pour la finale de l’Eurovision 2019, Doutson, est interviewé par la chaine I24news (1). Le chanteur raconte à l’antenne qu'à l'instar de Chimène Badi, il reçoit des pressions de la part de ceux qui dénoncent « ce que fait Israël à la Palestine ». « Ça a été la même chose pour moi. J'ai reçu des messages sur Facebook, sur Twitter, sur Instagram... Ils essaient de t'intimider un peu et c'est vrai que j'ai eu des menaces aussi. Mais je me concentre pour l'Eurovision et je ne les écoute pas », confie le chanteur.
Voilà là bien des méthodes de voyous que nous devons dénoncer. Car le boycott d'Israël a aussi ce pitoyable visage.
Assisterons-nous alors sans broncher à quelque chose de tragique qui meurt benoitement et qui a pour nom la liberté ?
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