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Choisie comme symbole de paix par les Hindous et les Bouddhistes, usurpée par les nazis et devenant le signe suprême de l’identité aryenne, la croix gammée n’a jamais cessé de disparaître, bien que les insignes nazies soient interdites en France.
Si l’on croyait ces symboles, rappelant les heures les plus sombres de l’Histoire, disparus, la résurgences de ces derniers partout dans le monde de manière visible, voire ostentatoire, inquiète de plus en plus.
Retour sur les origines de ce signe, sur son évolution, sa réappropriation par les nazis, son utilisation aujourd’hui et la fonction qu’il peut exercer au sein de la société.
Entre création, usurpation et réappropriation
La swastika - de son nom d’origine - vient du sanscrit et signifie “bonne fortune” ou “bien-être”. Le motif, une croix crochetée, semble d'abord avoir été utilisé en Eurasie il y a 7000 ans, probablement afin de représenter le mouvement du soleil au fil de la journée.
Symbole sacré dans l'hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme et l'odinisme, cette swastika connaitra plus tard, un usage et une exploitation aux tonalités beaucoup plus graves.
Utilisé par la suite en Europe au début du 20e siècle, ce symbole est porteur de nombreuses significations telles que la chance ou encore la bonne augure.
Repris par des mouvements racistes pour qui la svastika était symbole d'”identité aryenne” et de fierté nationaliste allemande, l'hypothèse selon laquelle le peuple allemand avait des origines aryennes constitua probablement l'une des principales raisons du choix du Parti nazi en 1920.
Alors associée à l'idée d'une race “pure”, c’est lorsque les nazis prennent le contrôle de l'Allemagne que les connotations de la croix gammée changent définitivement.
L’emblème même du rejet de l’autre
Bien qu’interdite juste après la guerre, les controverses culturelles n’ont jamais cessé et ont toujours tenté de s’imposer. Devenue au fil des années un emblème culturel contesté, la croix gammée est apparue dans les années 70 comme symbole de jeunes en rébellion. Cependant, depuis quelques temps, cet insigne nazi resurgit en France, mais également partout dans le monde sous forme de tags exhibés sur les vitrines de commerces, sur les portes de garages, sur les murs et pavés des rues.
Si ces croix gammées ont joué, et jouent toujours, un rôle social, politique voire racial, elles sont également toujours associées à l'emblème de la suprématie de la race aryenne, devenant ainsi le symbole même du rejet de l’autre, de “l’étranger”, de celui, qui selon les auteurs, n’a pas sa place dans le pays, estimant que ce n’est pas le sien.
Actuellement, la croix gammée ne vise plus uniquement les Juifs, bien qu’ils soient la cible privilégiée de ces tags. En effet, d’autres minorités comme les Musulmans en sont victimes, puisque de nombreux tags de croix gammées ont été récemment découverts sur les murs de mosquées.
Comme si elles devenaient une sorte de marque de fabrique pour affirmer et proclamer un territoire qui n'appartiendrait pas à certaines catégories de population, ces croix gammées visent à inquiéter et rappellent une période sombre de l’Histoire.
Un acte déshumanisé et figé
Les auteurs de ces ignobles croix gammées semblent vouloir se faire remarquer, mais de manière paradoxale puisque seul leur tag est visible. Ainsi, le visage et l’identité de l’auteur s’efface au profit d’un tag, comme une sorte de signature, d’empreinte laissée. Si les auteurs restent invisibles, seul le tag demeure, comme si ces derniers cherchaient à déshumaniser l’acte et à le banaliser.
Devenant presque mécaniques, ces tags de croix gammées inspirent partout dans le monde un profond dégoût, aux relents antisémites et racistes, révélant ainsi toute la lacheté, la paresse et la bassesse des auteurs qui ne rivalisent en matière d’ignorance qu’avec eux même.
Charlotte Lelouch