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Le parcours de Marcel Slodki (1892-1943) mérite une attention particulière. Né à Łódź dans une famille juive aisée, laïque et libérale, il quitte la Pologne en 1910 pour étudier aux Beaux-Arts de Munich. Il effectue un premier séjour à Paris en 1913, puis quitte la France pour la Suisse en 1914. Il se lie à Tristan Tzara et participe quelques années plus tard aux premières activités du groupe Dada à Zurich. C’est notamment lui qui crée l’une des premières affiches pour les soirées du Cabaret Voltaire.
À la fin de la Première Guerre mondiale, il exerce une activité de décorateur de théâtre à Berlin. En 1923, il revient à Paris où s’ouvre une nouvelle période de sa création. Il détruit alors une grande partie de son œuvre antérieure d’inspiration cubiste, et peint de nombreux portraits, des natures mortes, des paysages. C’est de cette époque que date ce petit autoportrait qui frappe par l’originalité de la posture de l’artiste. Celui-ci se représente en effet en train d’entoiler un châssis, dans une attitude besogneuse et concentrée, tel un ouvrier devant son établi. Le dénuement de l’atelier dénote des conditions de vie modestes de l’artiste, mais la chaleur des coloris crée une atmosphère douce.
Marcel Slodki passe la première partie de la Seconde Guerre mondiale réfugié à Brive-la-Gaillarde avec sa femme, l’artiste Macha Boulanger. En 1943, il est arrêté une première fois par les gendarmes, mais prévenu à temps, il parvient à s’enfuir avec sa femme à Chambéry puis à BourgSaint-Maurice. Ils y sont finalement dénoncés et arrêtés le 14 décembre 1943 par la Gestapo, et internés à Drancy. Le 17 décembre 1943, ils sont déportés par le convoi n° 63 et assassinés à Auschwitz.
Cette acquisition comble une lacune importante dans les collections du mahJ, qui conserve de nombreuses œuvres d’artistes juifs de l’École de Paris mais ne possédait jusqu’ici aucune œuvre de Marcel Slodki. Outre ses collections provenant du musée d’Art juif de Paris – ouvert rue des Saules en 1948 par des survivants de la Shoah – et l’importante donation de Claire Maratier – fille de l’artiste Michel Kikoïne (1892-1968), exact contemporain de Slodki –, le mahJ s’est attaché depuis son ouverture en 1998 à l’acquisition de portraits de ces artistes venus d’Europe centrale et orientale pour trouver à Paris un environnement artistique et économique leur permettant d’exercer leur art. En effet, en redonnant un visage à ces artistes, ces portraits permettent d’incarner le phénomène sociologique et culturel que représenta l’« École de Paris ».
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