English
Français
Photo : Boîte à aromates (bessamim) avec chandelier, Est de la France ou Allemagne, fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle
Le shabbat, jour de repos dans le judaïsme, débute le vendredi à la tombée de la nuit et s’achève le samedi soir, à l’apparition des trois premières étoiles, par la havdalah, cérémonie de « séparation » entre le shabbat et les jours profanes. On rallume alors une bougie tressée symbolisant le retour du temps créatif, tout en respirant des aromates, les bessamim, pour garder le parfum du shabbat et se préparer ainsi à la semaine à venir.
L’exemplaire de boîte à Bessamim mis en lumière aujourd’hui (voir la photo de l'article), particulièrement intéressant, est emblématique des objets réalisés dans certaines communautés ashkénazes à partir de la fin du XVIIe siècle.
Ce type d’objet combinant une boîte et un chandelier coulissant le long de quatre tiges en fonction de l’usure de la bougie correspond à une typologie ashkénaze très spécifique, développée à partir de la fin du XVIIe siècle dans tout le sud de l’aire germanique, de Francfort à Nuremberg, puis jusqu’en Suisse et en Alsace-Lorraine.
Comme beaucoup d’objets juifs fabriqués par des artisans chrétiens, cet exemplaire présente une juxtaposition d’éléments hétéroclites : une base en piédouche portant des poinçons mal insculpés, la seule partie en argent véritable ; un boîtier rectangulaire équipé d’un petit tiroir divisé en quatre compartiments pour le rangement des épices, avec un couronnement de guirlandes végétales et quatre petites figurines en ronde-bosse qui ont été « judaïsées » par l’ajout d’un attribut correspondant chaque fois à un ustensile utilisé lors de la havdalah : une bougie, une boîte à quatre compartiments, une coupe et un pichet de vin ; enfin quatre tiges destinées à permettre le coulissement de la bougie, ces dernières étant amorties par deux mains bénissantes – motif désignant un descendant présumé d’Aaron – sans doute ajoutées à la demande du commanditaire. Les clochettes accrochées aux angles inférieurs de la boîte, évoquent celles du costume du grand-prêtre et les sacrifices au Temple qui incluaient l’offrande de parfums.
Il existe une très grande diversité de boîtes à bessamim. La collection du mahJ en recèle plus d’une soixantaine, présentant de multiples décors – fleurs, scène bibliques, personnages mythologiques, motifs architecturaux…
Cliquez ici pour découvrir la collection du Mahj et en apprendre davantage sur ces objets