Monsieur le président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le président du Sénat,
Messieurs les anciens Premiers ministres,
Mesdames, messieurs les ministres,
Madame le maire de Paris,
Mesdames, messieurs les parlementaires, élus et responsables politiques,
Madame la directrice générale de l’UNESCO,
Mesdames, messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le président du Crif, cher Roger Cukierman,
Mesdames, messieurs,
Tous les ans, nous avons ce rendez-vous important qui marque les liens puissants, inaltérables qui existent entre les Français juifs et la France. Tous les ans, nous voyons combien le CRIF est une institution singulière. C’est une voix qui porte. C’est une conscience qui interpelle. Elle le doit, d’abord, à son histoire. Né de la Résistance, au milieu du malheur et de la trahison, le CRIF exprime cette volonté si française de faire vivre, de faire briller les valeurs de la République.
Ce soir, le chef de l’État devait, une nouvelle fois, s’adresser directement à vous. Retenu dans un sommet européen qui engage l’avenir de l’Union européenne, notre avenir à tous, il m’a chargé de le représenter et de vous dire, d’abord, son affection et de vous dire aussi combien la Nation est à vos côtés. Elle est vos côtés simplement parce que dans votre diversité, à travers vos sensibilités, vous êtes une part indissociable de cette Nation. Vous incarnez son dynamisme, sa volonté de toujours avancer, de toujours continuer de bâtir ce pays que nous chérissons.
L’année dernière, nous nous retrouvions quelques semaines après les attentats qui, une fois encore, à l’Hyper cacher, avaient frappé des juifs, après avoir frappé les journalistes de Charlie Hebdo et des policiers.
Et il y a quelques semaines, nous étions à la porte de Vincennes pour dire, un an après, notre chagrin inconsolable, mais pour dire aussi notre détermination à combattre tous ceux qui veulent s’en prendre à nos valeurs et à notre unité.
Et aujourd’hui, nous nous retrouvons, quatre mois après les actes de guerre commis à Paris et à Saint-Denis qui ont fait 130 victimes et des blessés par centaines et que nous n’oublions pas.
Janvier, novembre, une même horreur, un même deuil pour notre Nation.
Nation frappée, comme d’autres, vous l’avez rappelé, monsieur le président. Je veux exprimer ce soir, une nouvelle fois, ma solidarité au courageux peuple tunisien qui a été encore frappé aujourd’hui et qui se bat avec ses armes et notre soutien contre le terrorisme. Si le terrorisme islamiste a voulu frapper et frappe les démocraties – Israël, le Mali, la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Espagne parmi d’autres –, si le terrorisme islamiste a voulu nous frapper et nous a frappés, c’est pour contester de la manière la plus radicale ce que nous sommes, pour contester nos libertés, notre idéal de tolérance, de laïcité, notre art de vivre. Et c’est notre jeunesse qui a payé un lourd tribut.
Oui, nous sommes en guerre. Oh !C’est une guerre différente de celles que l’humanité a pu connaître au XXe siècle ou que certains continents connaissent encore aujourd’hui, mais nous sommes en guerre parce qu’on nous fait la guerre.
Meurtrie, touchée en plein cœur, la France, avec quelle dignité, a fait face. Elle a brandi son drapeau, porté haut ses couleurs, réaffirmé ses valeurs, elle ne s’est pas laissée emporter par les tentations de la division même si parfois, dans le débat public, nous avons le sentiment qu’on oublie ce qui s’est passé il y a à peine quelques mois.
La France fidèle elle-même a tenu bon et elle a répondu et continuera de répondre de la manière la plus forte en renforçant bien sûr d’abord ses dispositifs de sécurité et de renseignement. Et laissez-moi saluer l’engagement et la détermination sans faille, vous la connaissez, du ministre de l’Intérieur, Bernard CAZENEUVE. Des décisions exceptionnelles ont été prises pour accroître les effectifs dans tous les services qui contribuent à la lutte contre le terrorisme. En tout, 8 500 postes supplémentaires dans les services de police, de gendarmerie et pour la justice.
La France répond également en frappant Daesh, l’État islamique, parce que c’est dans ses bastions, en Syrie et en Irak, qu’ont été pensées, planifiées, ordonnées les attaques contre notre pays. C’est là que sont embrigadés et formés les individus susceptibles d’agir à nouveau. Nous sommes engagés militairement en Irak, en Syrie, au Sahel et je veux, avec Jean-Yves LE DRIAN, le ministre de la Défense qui est avec nous, saluer tous ces soldats qui combattent pour nous et pour nos valeurs.
Mais notre action ne se limite pas à cela. Nous luttons sur tous les fronts, qu’il s’agisse du financement du terrorisme ou bien de la corruption des esprits avec ce déversement permanent de haine sur les réseaux sociaux.
Ce combat, nous le menons avec le Parlement, messieurs les présidents, avec les armes du droit et c’est cela la grandeur de la démocratie et d’un État de droit.
Dès la fin de l’année 2012, tirant les leçons des attentats de Montauban et de Toulouse et sur la base du travail qui avait été engagé par le président Nicolas SARKOZY et par le Premier ministre, François FILLON, une première loi antiterroriste a permis que les citoyens et les résidents français soient jugés en France pour les crimes terroristes commis à l’étranger.
Depuis, plus de 1 000 procédures ont été ouvertes contre des ressortissants français engagés dans des filières djihadistes.
Fin 2014, une nouvelle loi a été adoptée pour interdire les sorties du territoire d’individus voulant partir pour le jihad. Cet instrument a été utilisé plus de 280 fois.
Dès le soir du 13 novembre, sur décision du président de la République, l’état d’urgence a été instauré et il sera prolongé jusqu’au 26 mai. Dans ce cadre, près de 700 armes ont été saisies, 344 assignations à résidence ont été notifiées, 3 400 perquisitions ont été conduites permettant, toujours sous le contrôle de l’autorité judiciaire, et dans le respect de nos libertés, plus de 400 interpellations.
Un projet de loi défendu avec talent par Jean-Jacques URVOAS – c’est son premier dîner du CRIF comme garde des Sceaux, il sera encore plus applaudi l’année prochaine – un projet de loi contre le crime organisé doit être adopté demain par l’Assemblée nationale. La justice disposera ainsi de nouveaux moyens d’investigation pour lutter plus efficacement contre le terrorisme. De même, toutes les personnes suspectées d’activité terroriste ou s’étant rendues volontairement dans des zones de conflit pourront faire l’objet de mesures de contrôle administratif.
Le combat doit aussi bien sûr se mener à l’échelle européenne avec un plan de lutte contre le trafic d’armes et un accord unanime pour un PNR, c’est-à-dire un registre des noms des passagers aériens. Et le Parlement européen doit, à ce sujet, plus que jamais, prendre ses responsabilités, il en va de la crédibilité de l’Europe, confrontée à cette menace sans précédent.
Le terrorisme nous menace tous car c’est la France qui est visée. Mais je sais, nous savons aussi combien les juifs de France se sentent, à raison, en première ligne. Que les juifs soient confrontés à la haine, c’est une vieille, une trop vieille histoire, une histoire insupportable.
Pendant des siècles, ils ont été calomniés, pourchassés, massacrés jusqu’à l’horreur absolue de la Shoah il y a à peine plus de 70 ans. La conscience juive, celle portée, illustrée par Vladimir JANKELEVITCH ou notre ami Claude LANZMANN, la conscience juive – parce qu’il y a le poids incontestable des femmes, des hommes, des enfants qui ont été tués – est une conscience profondément blessée. Et c’est parce que la Shoah est une tache indélébile, imprescriptible de notre histoire qu’avec d’autres, qu’avec le président de la République, je me suis battu pour faire interdire ces prétendus spectacles qui mettaient en scène la haine des juifs. La France ne pouvait laisser faire une telle chose, elle ne pouvait laisser faire sans se déshonorer. Et ce combat doit se poursuivre avec la même détermination et sans la moindre complaisance.
Après la Shoah, on avait pu penser que l’antisémitisme avait enfin été extirpé, du moins en France. Et pourtant, en 1980, il y eut l’attentat de la rue COPERNIC ; en 1982, la fusillade de la rue des Rosiers ; en 1990, la profanation du carré juif du cimetière de Carpentras ; en 2006, il y a 10 ans tout juste, le martyre d’Ilan HALIMI et je veux saluer Ruth, sa maman, qui est avec nous ; en 2012, le massacre de Toulouse avec l’assassinat de Myriam MONSONEGO et du fils et des petits-enfants de Samuel SANDLER qui est toujours avec nous et que je salue avec beaucoup d’affection.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire, à ce moment-là, pour mille raisons, nous n’étions pas assez nombreux à nous révolter, nous n’étions pas assez nombreux à marcher ce soir terrible de mars entre la République et la Bastille et nous n’étions pas assez nombreux à dire que s’en prendre à un juif de France, c’était s’en prendre à la France.
Puis il y eut ce silence assourdissant après Créteil malgré les mots, toujours justes de Bernard CAZENEUVE. Il y eut le 9 janvier 2015 où, enfin peut-être, je l’espère, la Nation a compris, elle a ouvert les yeux sur les menaces, les insultes, les intimidations, les agressions, comme en janvier dernier encore quand – fait insupportable – un professeur a été attaqué à la machette à quelques mètres d’une école juive de Marseille.
Oui, les juifs de France, trop souvent, ont peur de porter la kippa, d’aller à la synagogue, d’aller faire leurs courses dans les commerces cacher, d’envoyer leurs enfants à l’école publique. C’est une réalité, il ne faut pas la cacher, il faut la nommer. Et cette réalité, nous ne pouvons pas l’accepter et la République ne pourra jamais l’accepter.
Nous savons qu’il y a un antisémitisme ancien ou un antisémitisme nouveau. Il y a l’antisémitisme insupportable de l’extrême droite toujours présent mais on trouve aussi un antisémitisme à l’extrême gauche. Il y a l’antisémitisme des beaux quartiers, il y a aussi l’antisémitisme, dans les quartiers populaires, d’une jeunesse radicalisée. Et puis il y a la haine d’Israël, il y a l’antisémitisme et il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël.
Mais dire que nous n’acceptons pas – et c’est ce que le président la République voulait vous dire –, ce n’est pas suffisant. Les paroles, oui, doivent être suivies par les actes, des actes forts, soutenus par des politiques publiques volontaristes. Il ne faut pas avoir peur de mener ces politiques. Mener des politiques fortes contre l’antisémitisme ou l’antisionisme ne fera pas perdre des voix ici ou là, dans tel ou tel quartier, elles honoreront tous ceux qui seront engagés dans ce combat.
Un engagement avait été pris, il a été tenu : mettre en œuvre un plan gouvernemental de mobilisation contre le racisme et l’antisémitisme. Ce plan m’a été présenté et nous en avons confié la mise en œuvre au préfet Gilles CLAVREUL dont je veux saluer l’engagement et à qui je veux dire toute ma confiance. Il s’agit de mobiliser toute la société : l’État ; l’école bien sûr, les collectivités locales, les associations, les partenaires sociaux, les cultes. 40 mesures ont ainsi été annoncées. Les comités opérationnels de lutte contre le racisme et l’antisémitisme ont vocation à les appliquer sur tout notre territoire. La plupart d’entre eux seront installés, monsieur le ministre de l’Intérieur, à la fin de ce mois de mars.
Il s’agit d’abord de protéger. Plus de 8 000 militaires ont déjà été déployés sur les 10 000 mobilisés dans le cadre de l’opération Sentinelle décidée au lendemain des attentats de janvier 2015 pour assurer notamment la surveillance des écoles, des synagogues, des centres culturels.
Aujourd’hui, des milliers de policiers, de gendarmes, de soldats sont mobilisés sur l’ensemble de notre territoire. Vous avez remis, monsieur le président, tout à l’heure, le prix du CRIF au préfet de police et au gouverneur militaire de Paris pour saluer le rôle des forces de l’ordre et de l’armée dans cette mission. Et à mon tour, je leur exprime, au nom du président de la République et au nom du gouvernement, toute notre gratitude.
Protéger ne suffit pas, il faut aussi réprimer avec la plus grande force les actes bien sûr mais aussi les paroles, les discours, les écrits antisémites. Cette exigence vaut bien sûr sur Internet comme partout ailleurs. L’État exige ainsi des gestionnaires de réseaux et des fournisseurs d’accès la suppression de tous les propos qui entretiennent la haine. Il y a du travail et la justice est systématiquement et doit être systématiquement saisie. La plateforme PHAROS, vous l’avez évoquée, chargée de combattre la diffusion de la haine sur Internet, a été renforcée par une unité dédiée et j’ajoute, monsieur le président, que la disposition visant à sortir les délits antisémites et racistes du droit de la presse pour les faire entrer dans le droit commun figurera dans le projet de loi « égalité, citoyenneté » soumis au Parlement au printemps. Ainsi, il sera dit de la manière la plus claire que la liberté d’expression que nous chérissons, ce n’est pas le permis de répandre la haine.
Pour cela, il nous faut aussi éveiller, mobiliser les consciences. Ce qui veut dire transmettre des valeurs, transmettre la connaissance de l’histoire. Et soyez certains que l’Éducation nationale, ses enseignants et bien sûr, la ministre de l’Éducation, Najat VALLAUD-BELKACEM, sont pleinement mobilisés.
L’État a noué un partenariat avec les grandes institutions dédiées à la transmission. Des conventions ont été signées avec la Fondation du Camp des Milles, avec le Mémorial de Rivesaltes, avec bien sûr le Mémorial de la Shoah – nous l’avons fait ensemble il y a encore quelques semaines. D’autres partenariats seront conclus dans les mois qui viennent avec le Mémorial des enfants du Vel’d’Hiv’. C’est une mobilisation sans précédent que nous devons mener pour la reconquête des cœurs et des esprits.
Réveiller les consciences, c’est aussi soutenir ces voix qui s’expriment dans le monde arabe –et je pense à Kamel DAOUD qui est la cible d’attaques insupportables – pour se battre contre les fanatismes, les intégrismes de toutes sortes qui veulent enfermer les esprits, les consciences, les femmes. Ces voix existent aussi dans notre pays, elles sont nombreuses parmi nos compatriotes de confession ou de culture musulmane et là aussi, nous devons les soutenir. N’avons pas le droit de les laisser mener seules ce combat. Ces voix, elles ont toute leur place dans le dialogue que le gouvernement entretient avec les représentants du culte musulman dont je veux saluer les représentants présents ce soir, en particulier Anouar KBIBECH, nouveau président du Conseil français du culte musulman.
Dans 15 jours, Bernard CAZENEUVE réunira à nouveau l’instance qui avait été constituée pour la première fois en juin 2015. Petit à petit, pas à pas, la République et l’islam construisent un chemin fidèle aux valeurs que nous partageons depuis toujours et qui s’appellent laïcité, tolérance et liberté. Quel plus beau message la France peut adresser au monde ? Ce pays, celui qui a connu la guerre des religions entre protestants et catholiques, ce pays qui accueille la plus vieille communauté juive, ce pays où l’islam est la deuxième religion, ce pays, notre pays, mon pays qui est celui de la Révolution française, de la loi de 1905. Quel plus beau message que celui du dialogue entre juifs et musulmans ? Quel plus beau message de celui que faire la démonstration aux yeux du monde entier – mais quel défi !– que l’islam est pleinement compatible avec les valeurs de la République, avec l’égalité entre les femmes et les hommes, avec la liberté, avec la fraternité et la laïcité ? C’est ce message-là que la France doit porter et que nous devons ensemble porter !
Mesdames, messieurs, Aucun Français ne doit douter de son pays. Les Français juifs ne doivent pas douter de la France. Chaque juif de France qui doute que sa place est ici, c’est pour nous tous ici un déchirement. Les juifs de France ont bâti la France et ils doivent continuer de la bâtir. Et dans le même temps, je sais la solidarité qui vous attache à Israël. Et la France est viscéralement attachée à sa sécurité, à son existence et elle ne peut tolérer que sa légitimité soit remise en cause. Israël est une démocratie, une nation qui parle au monde et la France sera toujours à ses côtés.
Cette vigilance – et je connais les débats, vous l’avez rappelé encore, monsieur le président CUKIERMAN, il y a un instant –, nous l’avons prouvée encore lorsqu’il a fallu conclure l’accord avec l’Iran, garantissant qu’il ne disposerait jamais de l’arme nucléaire. C’est la France qui a posé les conditions les plus exigeantes. Nous avons obtenu que tout manquement au respect de l’accord soit automatiquement sanctionné. Nous resterons attentifs, vigilants, sans aucune naïveté et nous ne laisserons rien passer. C’est ce que le président de la République a dit au président ROHANI.
C’est parce que la France ne transige pas avec la sécurité d’Israël qu’elle met toute son énergie au service de la paix au Proche-Orient. Nous avons donc pris une initiative, celle d’inviter chacun à reprendre la voie de la négociation pour aboutir à la seule solution qui vaille : deux États aux frontières reconnues pour deux peuples vivant dans la sécurité, j’ajouterai dans la sérénité. Le chemin est long, le chemin sera long mais c’est cet objectif-là qu’il faut poursuivre. Et c’est dans cet esprit-là, monsieur le président, mesdames et messieurs, que la France est résolument opposée au boycott d’Israël, notamment quand il s’exprime à travers le mouvement dit BDS. La cour de cassation a jugé plusieurs fois et encore récemment que l’appel de cette organisation à ne pas acheter les produits israéliens constituait une discrimination fondée sur l’appartenance à une nation. Cette discrimination n’est pas seulement illégale, elle est illégitime, elle est même un non-sens quand on sait combien le savoir, la science, la culture, la création rapprochent les peuples. Elle est un non-sens, comme quand il s’agit de boycotter cette belle initiative de Paris avec Tel-Aviv l’été dernier et je veux saluer l’engagement du maire de Paris, d’Anne HIDALGO, contre ceux qui voulaient boycotter et interdire cette manifestation. Donc, oui, il faut être vigilant et appliquer tout simplement, monsieur le président, les règles de droit.
Israël, comme le Proche-Orient tout entier, est confronté à un danger, la guerre, la guerre en Irak et bien sûr, la guerre en Syrie. Bachar EL-ASSAD a tout fait pour libérer et utiliser les groupes terroristes et c’est aujourd’hui toute la région qui est enflammée. Mais nous le savons, la solution ne pourra être que politique avec l’ensemble des protagonistes et les grandes puissances. Les négociations reprennent après-demain. Pour qu’elles aboutissent, il faut que le cessez-le-feu soit maintenu et que les victimes civiles puissent accéder à l’aide internationale partout, à Alep comme ailleurs.
La crise des réfugiés est le plus grand drame humanitaire que nous ayons connu depuis plusieurs décennies et je veux saluer les appels du CRIF à la solidarité envers ces femmes, ces hommes, ces enfants qui s’enfuient, privés de tout, devant la menace. Plus de 4 millions de Syriens ont cherché, dans les pays voisins, à échapper à la guerre, à la faim, à la barbarie. L’histoire nous l’a appris, la compassion seule est impuissante mais l’indifférence est toujours coupable. La France accueillera 30 000 réfugiés dans le cadre du mécanisme de relocalisation mis en place au niveau européen et notre pays apportera l’aide nécessaire pour que les réfugiés qui se trouvent dans les pays voisins de la Syrie – et notamment en Turquie mais aussi en Jordanie et au Liban, ce pays ami qui a besoin de notre soutien – puissent y vivre dans des conditions humaines et dignes.
Monsieur le président, C’est le dernier dîner du CRIF auquel vous participez à la tête de l’institution. Sachez – et le président de la République l’aurait dit avec la même force –, cher Roger CUKIERMAN, que votre pays vous est reconnaissant pour la dignité et le courage avec lesquels vous avez conduit votre mission pendant ces trois années particulièrement éprouvantes. Vous avez évoqué il y a un instant l’enfant juif que vous avez été sous l’Occupation et cela fait écho à ce qu’écrivait Marc BLOCH à l’automne 1940 : « La France demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’ai bu aux sources de la culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que son ciel et je me suis efforcé de la défendre de mon mieux. »
Et je voudrais vous inviter, alors que la France a été à nouveau attaquée, à ne jamais déraciner votre cœur de votre patrie, à continuer de boire aux sources de la culture et à respirer sous son ciel qui sera toujours le vôtre, comme il sera toujours celui de tous les enfants de la République dont vous êtes, cher Roger CUKIERMAN.
Soyez tous fiers d’être Français, soyons fiers d’être français. Je sais, il y ô combien de doutes, combien d’interrogations, des débats qui déchirent et qui fracturent notre société. Mais rappelons-nous d’abord le message des Français en janvier et en novembre, ils nous demandent d’être tous à la hauteur de leurs exigences, à la hauteur de leur engagement pour ces valeurs-là. Et c’est au nom de ce qui s’est passé en 2015 que nous devons être tous à la hauteur. Et en intervenant ici, devant vous, au CRIF, en reprenant beaucoup des mots qui auraient été ceux du président de la République, que je veux vous dire combien nous avons la chance d’être Français et combien ici, dans cette salle qui rassemble tant de personnalités, nous pouvons être fiers d’être tous ensemble. Vive la République et vive la France !