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Dans ce combat inégal face à l’ennemi, dans cette lutte désespérée, s’agissait-il essentiellement de mourir dignement, face à une fin inéluctable ?
A travers les générations, que nous ont transmis les révoltés du ghetto ?
Quel est l'héritage légué paris ces héros partis sans laisser d'héritiers ?
"Pour les désespérés", disait Walter Benjamin, "nous a été donné l'espoir".
Les insurgés du ghetto de Varsovie ne sont pas seulement un modèle de courage et de détermination.
Le cri poussé en 1944 par Mordechaï Anielewicz, par les partisans de l’Organisation Juive de Combat et de l’Union Militaire Juive, sera entendu dans toute l’Europe, et continue encore de résonner.
C'est ce cri de ténacité qui galvanise les premiers pionniers de l’état d’Israël, des compagnons survivants parvenus jusqu’au kibboutz de Bet Lohamei Hagetaot, jusqu’aux soldats d’aujourd’hui appelés sous les drapeaux face à d'autres menaces.
Ce cri de colère des insurgés du ghetto, ce cri de tous ceux qui se sont soulevés, à Varsovie, à Minsk ou à Riga, jusqu'à Auschwitz et Treblinka, ce chant des partisans des forêts de Bielski jusqu'au maquis toulousain de nos fondateurs, nous l'entendons encore !
Ce cri représente pour moi, pour tous les militants de l'UEJF, une injonction à l’action, qui m'oblige à ne pas rester prostré devant le mal, qui m'oblige à m'engager, ici et maintenant.
Aujourd’hui, en France, travailler au quotidien contre le racisme, combattre l’antisémitisme et ses mille déclinaisons, c’est entretenir la flamme de ces mille révoltés du ghetto.
Je veux exprimer, à la veille des élections européennes, mon inquiétude de voir se développer un sentiment anti-européen, qui remet en question le bien commun forgé au sortir de la guerre pour éviter qu’un tel déchaînement se reproduise.
Je veux dire que la France va mal quand sa Ministre de la Justice est traitée de guenon par des écoliers, que les Français empruntent un chemin dangereux quand ils se rallient toujours plus nombreux derrière des partis qui stigmatisent l’étranger, ce que j'ai constaté, lors des élections municipales, lorsque nous nous sommes rendus dans les villes pour combattre pied à pied le Front National - et dans certaines des villes qu'il a conquises, on a déjà retiré le drapeau de l'Europe.
Je veux dire qu’il est urgent de faire un travail de fond dans ce pays pour mettre un terme à la stigmatisation des minorités vulnérables, celle des Roms et gens du voyage, pour en finir avec les discours xénophobes sur les musulmans, avec les préjugés racistes sur les Noirs, les Arabes, les Asiatiques, pour faire obstacle à la parole homophobe ! Nous avons porté plainte contre le journal régional qui a publié avant-hier dans ses colonnes un classement de la délinquance par nationalité.
Je veux dire que je ne tolèrerai pas qu'on malmène des étudiants de l’UEJF venus parler d’Israël à l’Université, et que les cris « Sioniste, la France n’est pas à toi » qui nous ont été jetés résonnent avec les cris abjects de « Juifs, la France n’est pas à toi» entendus le mois passé à quelques pas d'ici, dans les rues de Paris.
Je veux dire que nous ne lâcherons rien contre l'antisémitisme, que nous continuerons à intervenir dans les collèges grâce au programme CoExist, à inviter des étudiants israéliens à témoigner dans les Universités, et que nous continuerons de traduire en justice, dès la semaine prochaine, les négationnistes, à commencer par Dieudonné, Soral et autres antisémites de la même espèce.
Ce soir, je veux affirmer qu'en dépit de leur sort personnel, les insurgés du ghetto de Varsovie ont sauvé l’humanité.
Qu'ils ont nourri, pour les générations futures, la force de vie, la soif de reconstruction.
Qu'ils ont donné vie à cette maxime de nos pères : « Là où il n’y a pas d’homme debout, efforce-toi d’en être un ».
Ce soir, nous sommes debout, nous sommes leurs héritiers, et nous continuerons à transmettre leur message.
Non, ils ne sont pas morts pour rien.