Au moment où nous nous apprêtons à quitter l'année 5776, nos pensées vont d'abord vers ceux qui nous ont quittés.
Les juifs de France ont perdu trois figures qui incarnaient chacun une des dimensions du Peuple juif.
Elie Wiesel d'abord, l'écrivain de la mémoire, né en Roumanie, issu d'une famille juive orthodoxe et hassidique hongroise et de langues française, hébraïque, yiddish et anglaise, Prix Nobel de la paix en 1986. Il incarnait la mémoire du Peuple juif et aussi sa capacité de résilience depuis la pire des conditions.
Le Grand Rabbin Joseph Sitruk, né en Tunisie, décédé la semaine dernière a incarné le judaïsme français pendant plus de 20 ans. Par son sourire et son humour, il a su transmettre une image vibrante du judaïsme.
Le Président Shimon Peres, dont les obsèques ont eu lieu aujourd'hui en présence de Chefs d'états du monde entier, était né en Pologne. Il a incarné toute l'histoire d'Israël.
Tous les trois ont incarné un visage différent du judaïsme. Tous les trois aimaient passionnément la France. Ils ont tous trois en différentes occasions souligné l'importance des valeurs de la France. Ils ont su exprimer l'attachement des Juifs à la France. Tous les trois avaient été honorés par la France Elie Wiesel était Grand-croix de la Légion d'honneur, Shimon Peres et Joseph Sitruk étaient Commandeurs de la Légion d'Honneur.
Tous les trois nous transmettent un héritage mémoriel, spirituel et politique qui nous inspirera et nous guidera dans notre mission.
Dimanche soir, à l'entrée de Roch Hachana, nous lirons dans toutes les synagogues le psaume qui se termine par "que se termine cette année avec ses malédictions et que commence la nouvelle année et ses bénédictions".
Cette année a été une année terrible pour notre pays. Les attentats de Paris, Magnanville, Nice, St-Etienne-du Rouvray notamment, qui ont fait tant de morts en visant toute la population française à la différence des attentats des années passées qui avaient ciblé les juifs à Toulouse puis à l'HyperCacher, les journalistes chez Charlie Hebdo, ou les policiers.
Que vienne donc enfin cette nouvelle année et ses bénédictions. Puissions-nous vivre en bonne entente au sein de la communauté nationale retrouvée autour de ses valeurs. Sachons rester vigilants et dire et comprendre comme Elie Wiesel que "Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s'exposent à ce qu'elle recommence...”. Sachons rêver et rester jeunes comme Shimon Peres “Pour rester jeune, c'est simple : faites le compte de vos réalisations dans la vie et de vos rêves dans la tête. Si vous avez plus de rêves que de souvenirs, vous êtes jeune.”. Enfin, le Grand Rabbin enseignait encore le mois dernier que "Eloul nous invite à nous retourner sur l’année qui se termine afin d’en tirer les leçons que nous pourrons appliquer concrètement dès le début de l’année prochaine. Puissions-nous y arriver dans la sincérité et l’harmonie."
Sachons entendre les messages que nous ont transmis ces personnages exceptionnels qui viennent de nous quitter, pour que nous puissions vivre une Chana Tova ouMetouka, une bonne et douce année.
Robert Ejnes, directeur exécutif du Crif et directeur de publication