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Publié le 1 Juillet 2013

Estimations contradictoires quant à la relance prochaine des négociations israélo-palestiniennes

Revue hebdomadaire de la presse israélienne - semaine du 23 au 28 juin 2013

Service de presse de l’ambassade de France en Israël

 

La presse israélienne a consacré la semaine dernière une place importante à l’éventualité d’une relance prochaine des négociations israélo-palestiniennes, dans le contexte de la visite du secrétaire d’État américain John Kerry dans la région. 

John Kerry a entamé sa tournée diplomatique par un entretien avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, jeudi 27 juin à Jérusalem. Le lendemain, il devait rencontrer le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Amman, puis retourner éventuellement à Jérusalem pour un deuxième entretien avec Netanyahu, le même jour, avant de repartir en Jordanie. Lors d’une conférence de presse au Koweït tenue à la veille de son arrivée en Israël, Kerry a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de fixer une date butoir inflexible à la reprise des pourparlers, mais qu’il comptait néanmoins marquer une avancée dans le processus avant l’Assemblée générale des Nations Unis, en septembre prochain. Auparavant, et durant toute la semaine, la presse israélienne abondait d’informations, parfois contradictoires, sur les conditions et le déroulé de la reprise des négociations.

 

Sondage Israël Hayom, 28/06/13 : les Israéliens soutiennent la reprise des négociations, mais ne croient pas que celles-ci aboutissent à un accord

 

Êtes-vous favorable à la reprise des pourparlers avec les Palestiniens ?

Oui, j’y suis favorable 56,9 %

Non, je m’y oppose 28,6 %

NSP 14,5 %

 

Croyez-vous qu’il soit possible de parvenir à un accord permanent ?

Oui, j’y crois 30,9 %

Non, je n’y crois pas 55,4 %

NSP 13,7 %

 

Pensez-vous qu’Israël devrait faire des gestes envers les Palestiniens (la libération de prisonniers, l’amélioration des conditions de circulation, etc.) ?

Oui, j’y suis favorable 19,6 %

Non, je m’y oppose 69,3 %

NSP 11,1 %

 

En supposant que les négociations soient reprises, sur quoi Israël ne doit-il faire aucune concession ?

Le droit au retour 30,3 %

Le partage de Jérusalem 35,5 %

Les blocs d’implantations 7 %

La totalité des territoires 17,6 %

NSP 9,7 %

 

Netanyahu, entre le marteau et l’enclume / Nahum Barnea – Yedioth Ahronoth

 

Le monde entier n’est pas contre nous, pas encore, mais un nombre croissant de figures-clés de la communauté internationale ont récemment uni leurs efforts pour forcer Netanyahu à montrer davantage de souplesse dans sa politique vis-à-vis des Palestiniens. La finalité est d’amener Netanyahu à la table des négociations et de placer la question des frontières entre Israël et l’État palestinien au sommet de l’agenda. Netanyahu voudrait retarder autant que possible toute discussion sur les frontières, parce qu’il ne trouvera personne dans l’administration américaine ou en Europe occidentale qui soit prêt à accepter ses positions. Les diplomates étrangers qui ont récemment rencontré le Président de l’Autorité palestinienne rapportent qu’il se trouve actuellement dans d’excellentes dispositions. Il a montré bien plus de bonne volonté que dans le passé pour réengager les négociations. Il a conscience que son enthousiasme à redémarrer les pourparlers lui vaudra les critiques de la rue palestinienne, mais se sent prêt à les encaisser et confiant pour les surmonter. La condition qu’il a posée est qu’Israël doit préalablement accepter que les frontières soient établies « sur la base des lignes de 1967 ». Et cette condition-là n’est pas négociable. 4 Il ne croit pas que Netanyahu ait réellement l’intention de parvenir à un accord – ou, tout du moins, pas un accord que les Palestiniens seraient prêts à signer. Le but d’Abou-Mazen est de « tomber les masques » et d’exposer au monde entier quelles sont les réelles intentions de Netanyahu - soit, selon lui, de gagner du temps et de refuser de se séparer des territoires. Si les assomptions d’Abou-Mazen se révèlent exactes, les négociations débuteront et Netanyahu essaiera d’éviter toute discussion à propos des frontières, alors les pourparlers avorteront et la communauté internationale en reportera la faute sur Israël. L’Autorité palestinienne plaidera son cas devant l’ONU, qualifiera Israël de « pays qui viole le droit international », et réclamera des sanctions. Le 20ème anniversaire des accords d’Oslo, censés n’être qu’un accord intérimaire, sera célébré en septembre prochain. Le fait que 20 ans se soient déjà passés accordera un poids supplémentaire aux arguments palestiniens. Dans l’optique d’affaiblir les soutiens qu’Abu-Mazen a reçus dernièrement, Netanyahu a formulé un certain nombre de déclarations modérées qui attestent de son désir de s’engager à de véritables négociations sans précondition. Dans la foulée, il a également accusé Abu-Mazen de planifier de torpiller les futures discussions. Les deux adversaires aiguisent leurs armes de diplomatie publique en vue de la guerre de la culpabilité – soit, en d’autres termes, quel camp la communauté internationale rendra responsable de cet échec.

 

Qui se préoccupe encore des États-Unis ? / Amnon Lord – Maariv

 

Si un sommet se tient à Amman entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le Président de l’Autorité palestinienne Abu-Mazen à la suite de la visite de John Kerry en Israël et dans les pays voisins – cela sera une véritable surprise. Une grosse surprise. Il est difficile de savoir quelle est l’origine de l’emballement médiatique actuel, qui a déjà engendré des réactions officielles, comme si les négociations étaient sur le point de reprendre. Cependant, sur le terrain, les Palestiniens ont une version légèrement différente, d’après des sources proches d’Abu-Mazen. Il se pourrait que toutes ces paroles optimistes anticipant une résurrection du processus de paix aient simplement été lancées afin de 5 fournir une justification en raison de la dernière visite de l’homme d’État américain, qui s’est révélée être un échec total. D’une façon générale, grâce à la politique d’Obama et de Kerry, aucun homme d’État américain ne peut mettre le pied dans une capitale arabe. Kerry faisait presque partie de la famille à Damas, à la cour du dirigeant réformateur et progressiste qui était censé conduire la Syrie dans les bras de l’Occident. Son nom – Bashar Al-Assad. Regardez Kerry, et regardez Assad. À Benghazi, les diplomates américains sont assassinés, sans aucune réaction. Partout ailleurs, les chaussures volent. Jérusalem est la seule ville dans laquelle Kerry peut apparaître en public et être reçu avec les honneurs qui lui sont dus. Maintenant, Kerry sera le spectateur unique de la performance que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le Président de l’Autorité palestinienne Abou-Mazen et le roi Abdallah de Jordanie vont simuler devant lui. Ces trois-là ont intérêt à être particulièrement créatifs cette fois dans leur tentative pour empêcher les négociations de redémarrer. Le roi Abdallah doit faire semblant de soutenir la position palestinienne, mais il est peu probable qu’il voudra s’afficher officiellement comme étant en faveur de la reprise des négociations. Le secrétaire d’État américain John Kerry le pousse du côté palestinien duquel il ne veut absolument pas s’approcher. Alors que Kerry essaie de lever 4 millions de dollars pour que l’Autorité palestinienne construise des logements pour les jeunes couples et les touristes le long de la mer Morte, le roi Abdallah a été sommé par la communauté internationale de s’occuper des quelque 600 000 réfugiés syriens sur le sol jordanien. En dehors de l’utilisation du territoire jordanien comme base opérationnelle pour les unités maritimes de l’US Air Force, dans le cas d’une intervention militaire en Syrie, qu’est-ce que les Américains feront pour le roi? Ce dernier a besoin de millions de dollars pour faire face à un afflux de réfugiés d’une telle ampleur qu’il est comparable à celui de cette fameuse Nakba. La seule différence, c’est qu’il s’agit là d’une Nakba avec une communication publique très limitée. La position que Netanyahu a présentée au cas où cette fâcheuse réunion au sommet aurait finalement lieu, est raisonnable et ne va pas dégénérer en crise de coalition. Libérer quelques prisonniers palestiniens et annoncer un gel des constructions en-dehors des grands 6 blocs d’implantations ne sont pas des mesures susceptibles de détruire une coalition. Mais si les activités futures de Kerry commencent à torpiller la stabilité de la coalition, alors Jérusalem aussi apprendra comment jeter des chaussures. À moins qu’à un certain stade, Netanyahu ne décide de remplacer ses partenaires de coalition.