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« Dans les sables africains, les hommes de Leclerc » (La statue intérieure, Ed. Odile Jacob, 1987) :
À peine tombée une palmeraie, les colonnes fonçaient sur la suivante. Incroyable audace de Leclerc, présent partout, surgissant la canne à la main au point le plus chaud, piquant des colères homériques, imposant chaque fois ses décisions à un ennemi plus nombreux, mais toujours morcelé. Fantastique épopée où le bricolage de l'improvisation fonctionnait comme un mécanisme préparé de longue main. Émouvante complicité de cette poignée de volontaires venus de partout pour prouver que celui qui a écrasé par les chars sera écrasé par les chars. Incroyable troupe de gueux en haillons, aux tenues disparates, en casque ou en képi, en short ou en pantalon, en capote ou en burnous, mais unifiés moins par la crasse et la barbe hirsute que par la passion et la volonté d'en découdre.
Le biologiste et l'humaniste
« Le grand Meccano du vivant » (discours à l'Académie française, 20 novembre 1997) :
Tous les êtres qui vivent sur cette terre, quels que soient leur milieu, leur taille, leur mode de vie, qu'il s'agisse de limace, de homard, de mouche, de girafe ou d'être humain, tous s'avèrent composés de molécules à peu près identiques. Et même, de la levure à l'homme, persistent des groupes de molécules, donc de gènes, qui restent étroitement associés pour assurer des fonctions générales comme la division de la cellule ou la transmission de signaux de la membrane au noyau de la cellule. (...)
Tous les êtres vivants apparaissent donc constitués des mêmes modules qui sont distribués de manières différentes. Le monde vivant est fait de combinaisons d'éléments en nombres finis et ressemble aux produits d'un gigantesque Meccano résultant d'un bricolage incessant de l'évolution. C'est là un changement total de perspective qui est survenu dans le monde de la biologie au cours de ces dernières années.
« La " bonne " et la " mauvaise " science » (La Souris, la Mouche et l'Homme, Ed. Odile Jacob, 1997) :
On ne peut poursuivre ce qui deviendrait une "bonne" science et arrêter celle que l'on considérerait comme "mauvaise " . Pas plus qu'on ne peut arrêter la recherche, on ne peut n'en conserver qu'une partie. De toute façon, il n'y a rien à craindre de la vérité, qu'elle vienne de la génétique ou d'ailleurs. Ce qui est à craindre, ce sont la déformation des résultats et la distorsion du sens qu'on leur donne.
Pour l'abolition de la peine de mort (entretien publié dans "La chronique d'Amnesty International", octobre 1989) :
La vie appartient à celui qui la possède. Et aucune raison ne justifie qu'un homme ou des hommes aient le droit de vie ou de mort sur d'autres hommes. Si l'on pense qu'il existe une "justice immanente "- qui viendrait de je ne sais trop où - alors là, peut-être est-il possible d'être pour la peine de mort. Mais si on se dit -- ce qui me paraît beaucoup plus raisonnable -- qu'il n'y a que des lois faites par les hommes, et que les lois doivent servir à protéger et à organiser la société, dans ce cas, rien ne justifie la peine de mort. Aucune loi ne devrait permettre de tuer un homme.