Le Premier Ministre a publié une tribune sur la reconstruction de l'Islam de France.
Publié par
le JDD le 31 août 2016
"Par son histoire, sa géographie ouverte sur le bassin méditerranéen et le continent africain, par son immigration, la France entretient avec l'islam des liens très forts. C'est la deuxième religion de notre pays. Des millions de Français musulmans vivent leur foi ou, sans forcément pratiquer, se reconnaissent dans une culture arabo-musulmane.
C'est pour cette spécificité bien française qui s'ajoute à un vieil enracinement chrétien, à une présence juive de longue date, à un rôle important des francs-maçons, et parce que notre pays a été l'inventeur de la laïcité, que la France est la cible de l'État islamique.
"Il faut repenser complètement la formation des imams et aumôniers"
Il y a, bien sûr, nos interventions militaires au Sahel et au Levant, pour anéantir les bastions djihadistes, qui font que Daech nous attaque. Mais nous sommes d'abord haïs et frappés pour ce que nous sommes et non pour ce que nous faisons. Avant tout, ce que l'idéologie de l'islamisme radical ne supporte pas, c'est que des millions de musulmans soient des citoyens libres de leur choix, jouant pleinement et loyalement le jeu de la République. Elle exècre les valeurs universelles d'émancipation de l'individu, d'égalité entre les hommes et les femmes, tout simplement notre capacité à vivre ensemble.
L'islam a trouvé sa place dans la République. J'en ai fait l'expérience depuis de longues années. Dans ma ville d'Évry, grâce aussi à des lieux de culte qui font la fierté de tous, les fidèles musulmans côtoient les autres fidèles, catholiques, juifs, protestants, bouddhistes. Il y a ce mélange exigeant, qu'il faut construire quotidiennement, nourri de respect et de tolérance ; nourri, également, de ce principe fondamental : ne jamais imposer à l'autre ses convictions intimes ou ses pratiques religieuses.