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Publié le 1 Novembre 2022

Hommage - 4 novembre 1995 : Yitzhak Rabin est assassiné. Et avec lui, l'espoir de toute une génération

Le samedi 4 novembre 1995, des milliers de personnes sont réunies sur la place des Rois d'Israël à Tel Aviv, à la demande du Premier ministre, artisan des récents Accords d'Oslo et porteur d'un ultime message de paix. Le rassemblement pour la paix tourne au cauchemar.

Crédit photo : ©SVEN NACKSTRAND / AFP

 

Il est un peu plus de 21h le 4 novembre 1995, des milliers de personnes sont réunies sur la place des Rois d'Israël (aujourd'hui appelée place Rabin) à la demande du Premier ministre, artisan des récents Accords d'Oslo et porteur d'un utlime message de paix.

Après le rassemblement, alors que le Premier ministre descend de l'estrade, un Israélien juif extrémiste, tire sur le Premier ministre et le blesse mortellement. 

Yitzhak Rabin meurt quelques minutes plus tard et les espoirs de paix de toute une génération avec lui.

 

Nous vous proposons de relire l'intégralité du dernier discours pronnoncé par Yitzhak Rabin, quelques minutes avant d'être assassiné :

« Permettez-moi tout d'abord, de vous dire quelle émotion m'étreint en cet instant. Je souhaite remercier chacun d'entre vous, qui êtes venus ici manifester contre la violence, et pour la paix. Ce gouvernement, dont j'ai l'honneur et le privilège d'être le Premier ministre, aux côtés de mon ami M. Shimon Peres, a décidé de donner sa chance à la paix - une paix à même de pallier à l'essentiel des problèmes de l'État d'Israël.  

J'ai servi dans l'armée pendant vingt-sept ans. J'ai combattu tant qu'aucune chance ne semblait réservée à la paix. J'ai la conviction aujourd'hui que la paix a ses chances, de grandes chances. Il nous faut tirer parti de cette chance unique, au nom de ceux qui sont ici présents, et au nom de ceux qui sont absents - et ils sont très nombreux. 

J'ai toujours eu la conviction que la majorité de la population aspirait à la paix, était prête à prendre des risques pour voir son avènement. Et vous êtes venus là, en cette place, affirmer ce que nombre d'absents pensent également, à savoir que le peuple aspire réellement à la paix, et s'oppose à la violence. La violence est opposée aux fondements même de la démocratie israélienne. Elle doit être condamnée, rejetée, mise au ban. L'État d'Israël ne saurait s'engager sur cette voie. Dans toute démocratie il y a place aux dissensions, mais la décision finale ne saurait être prise que dans le cadre d'élections démocratiques - telles que l'ont été celles de 1992 qui nous ont conféré le droit et le devoir de mettre en ouvre ce qu'aujourd'hui nous réalisons et de poursuivre sur cette voie. Permettez-moi de vous dire combien je suis fier de pouvoir voir réunis ici aujourd'hui, et demain encore, les représentants des pays avec lesquels nous vivons aujourd'hui en paix : I'Égypte, la Jordanie, le Maroc - qui nous ont permis d'évoluer sur la voie de la paix. Je souhaite remercier le Président de l'État égyptien, le Souverain du royaume de Jordanie et le Roi du Maroc, de s'être faits représenter ici, en ce jour et de contribuer à la paix, à nos côtés.  

Permettez-moi avant tout de dire, que, depuis plus de trois ans que l'actuel gouvernement est en place, le peuple israélien a prouvé qu'il est possible de déboucher sur la paix ; que la paix est la clé d'une économie et d'une société moderne, et qu'elle n'apparaît pas seulement dans les textes de prières. La paix apparaît avant tout dans nos prières, mais elle est aussi l'aspiration du peuple juif, aspiration authentique et volonté de paix.

La paix a ses ennemis, qui tentent de porter leurs coups contre nous dans l'espoir de faire avorter le processus de paix. Je vous le dis, en vérité, nous avons trouvé des partenaires prêts à la paix, également parmi les Palestiniens : I'OLP, qui jadis était notre ennemi, et a cessé de recourir au terrorisme. Sans partenaires prêts à la paix, il n'y aurait pas de paix. Nous leur demanderons de remplir la tâche qui leur est impartie pour la paix, comme nous remplirons la nôtre. Ce afin de résoudre l'élément le plus complexe, le plus ancien et le plus sensible du conflit israélo-arabe : le conflit israélo-palestinien.  

Nous sommes engagés sur un chemin semé d'embûches, où n'est pas épargnée la douleur. Israël ne connaît aucun chemin où la douleur serait épargnée. Il lui est préférable de s'engager dans la paix que d'entrer en guerre. Je vous le dis en tant que militaire et en tant que ministre de la Défense, amené à avoir la douleur frapper les familles des soldats de Tsahal. Pour eux, pour nos enfants et dans mon cas pour nos petits-enfants, je souhaite voir ce gouvernement déployer tous les efforts possibles pour promouvoir et conclure enfin une paix globale. Avec la Syrie, même, nous parviendrons à conclure la paix.  

Ce rassemblement doit constituer un message transmis au peuple israélien, au peuple juif à travers le monde, aux nombreux peuples du monde arabe, et au monde entier: le peuple israélien aspire à la paix, affirme sa volonté de paix. Et pour tout cela, un immense merci à tous. »