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Dimanche 3 novembre 2019 à 11h, le Président du Crif Francis Kalifat a participé à la cérémonie de replantation du chêne consacré à l'oeuvre d’Yitzhak Rabin, à Épinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, en présence du maire d'Épinay-sur-Seine, Hervé Chevreau, entouré de son conseil municipal, du délégué du Crif, René Taieb, du président de la communauté juive d'Épinay, Meyer Haddad et de nombreuses personnalités locales.
À cette occasion, le président du Crif a prononcé un discours. Le délégué départemental du Crif du Val d'Oise, René Taieb, également.
La plantation de l'arbre en hommage à Mr Yitzhak Rabin était un témoignage fort en l'honneur de sa détermination et de son message de paix.
Cette cérémonie était placée sous le signe de la paix. La ville d'Épinay a ainsi invité les habitants de la commune à assister à la cérémonie : "Nous sommes destinés à vivre ensemble sur le même sol de la même terre". Alors cultivons les espaces de vie commune que sont les jardins et replantons l'arbre consacré aux efforts d'Yitzak Rabin pour la paix !
Découvrez l'intégralité du discours de Francis Kalifat, Président du Crif, à la cérémonie en l'honneur d'Ytzhak Rabin :
Le 4 novembre 1995 – c’est un samedi -, alors que les derniers rayons du soleil annoncent la fin du Shabbat, Yitzhak Rabin monte dans la voiture qui l’emmène sur la place des Rois d’Israël, à Tel Aviv.
Le Premier Ministre israélien y est attendu par des milliers de personnes, rassemblées à l’appel du chef du gouvernement.
À la fin de son allocution, acclamée par le public, Yitzhak Rabin descend de l’estrade.
Un extrémiste surgit de la foule et lui tire dessus. Trois fois.
Comme un ultime coup de théâtre dans l’Histoire, Yitzhak Rabin tombe, et avec lui l’espoir de toute une génération.
Toute sa vie, Yitzhak Rabin a assumé ses responsabilités sans céder à la facilité du moment, et sans plier sous le poids des contestations - aussi violentes soient-elles.
C’est, je crois, ce qui caractérise les grands Hommes d’Etat.
On peut dire qu’ Yitzhak Rabin a tout connu de son pays.
Des prémices de l’indépendance à la direction de l’armée de défense d’Israël, il a construit autant l’Etat d’Israël qu’il l’a défendu.
Après avoir été soldat, général puis chef d’État-major – et mené victorieusement Israël pendant la Guerre des Six Jours, puis député et ministre Yitzhak Rabin succède à Golda Meir et devient Premier ministre en juin 1974.
Des années plus tard, redevenu Premier ministre en juillet 1992 son ambition dévorante pour la paix est portée à son apogée lorsqu’il signe les Accords d’Oslo en 1993 sous le regard des nations du monde.
Son mandat prend alors une dimension historique qui lui vaudra le Prix Nobel de la Paix.
De tous, Yitzhak Rabin est peut-être celui qui, après avoir connu le prix de la guerre, connaissait le mieux le prix de la paix. Un prix qu’il a payé de sa propre vie.
Avec un courage que chacun doit lui reconnaître, Yitzhak Rabin a porté le l’ambition de la paix au plus haut.
Les accords d’Oslo ont été, pour les Israéliens d’abord, mais aussi pour le monde entier, le souffle d’un espoir. L’espoir d’une réconciliation et de l’établissement d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.
24 ans après l’assassinat d’Yitzhak Rabin, malgré les guerres et les attentats cet espoir vit encore dans le cœur de millions d’Israéliens.
24 ans après, le fanatisme, le terrorisme, le complotisme et la haine menacent notre société et l’ensemble des démocraties.
Et je veux ici rendre hommage aux 4 fonctionnaires de Police lâchement assassinés le 3 octobre dernier et aussi condamner avec force les tirs contre la mosquée de Bayonne et adresser aux 2 victimes mes vœux de complet rétablissement tout en exprimant mon entière solidarité avec la communauté musulmane éprouvée.
24 ans après, la démocratie, nos valeurs et nos principes qui devraient être des repères dans la tempête, sont sapés par des discours simplistes, mensongers ou complotistes.
L’extrémisme d’hier est devenu banal. La radicalisation se durcit, en politique comme en religion.
Nous sommes au temps des ultras : ultra-droite, ultra-gauche et ultra-violence.
Dans ce contexte, loin d’être relégué aux livres d’histoire, l’antisémitisme se porte de mieux en mieux dans notre pays et reste malheureusement d’une inquiétante actualité.
Et lors de mes nombreux déplacements à Paris, en banlieue ou en région, j’entends de plus en plus de Français juifs s’inquiéter pour l’avenir de leurs enfants en France et pour la pérennité d’une vie juive dans notre pays.
Depuis le début des années 2000 notre situation de Français juifs se dégrade en pente douce ou par à-coups, en silence ou à la une des médias, de meurtre en meurtre et sans sursaut durable.
Pour l'année 2018, le Ministère de l’Intérieur a recensé 541 actes et menaces antisémites qui ont fait l’objet d’une plainte.
Un chiffre en hausse de 74% par rapport à 2017.
Le premier semestre 2019 montre malheureusement une nouvelle dégradation. A fin juin 2019 les actes et menaces sont encore en augmentation de 76% sur la même période 2018.
Comme les années précédentes, des Français juifs ont été insultés, harcelés, menacés, volés, agressés ou frappés parce que juifs.
Et ce constat terrible : les Juifs, moins de 1% de la population, sont la cible de plus de la moitié de tous les actes racistes recensés par le Ministère de l’Intérieur.
En 2017 et 2018, de nouveaux paliers ont été franchi avec l’assassinat de deux vieilles dames juives, Sarah Halimi et Mireille Knoll, chez elles, à leurs domiciles.
Et aujourd’hui, au moment où nous honorons et perpétuons la mémoire d’ Itzhak RABIN comment ne pas dénoncer avec force cette haine des Juifs exprimée à travers l’obsession haineuse de l’état d’Israël, contesté dans sa légitimité et son existence,
L’antisionisme qui n’est rien d’autre qu’une expression contemporaine de l’antisémitisme, l’antisionisme qui veut faire de l’Etat d’Israël le Juif des nations.
Itzhak RABIN le savait, le chemin de la paix est long. Il doit s’emprunter à plusieurs, dans toutes les directions parfois au prix de sa propre vie.
24 ans après son assassinat, Yitzhak Rabin nous réunit aujourd’hui, bien au-delà de nos divergences, derrière une promesse qui rassemble: la paix.
Je veux exprimer toute ma reconnaissance, et mes remerciements les plus chaleureux à Hervé Chevreau, maire d’Epinay sur Seine, de nous avoir réunis pour saluer 24 ans, presque jour pour jour après son assassinat la mémoire d’Itzhak Rabin.
Cette belle cérémonie de replantation d’un chêne qui rend hommage à l’homme et à son action politique pour la paix et pour son pays, est aussi pour moi l’occasion cher Hervé Chevreau de rendre hommage à votre engagement déterminé à faire du respect des valeurs Républicaines qui nous unissent la condition indispensable au vivre ensemble.
Quel plus beau symbole que celui de la plantation d’un l’arbre pour exprimer la vivacité et l’actualité du combat d’Itzhak Rabin et le renouvellement constant d’un vœu de paix.
Il fallait bien-sûr un symbole de vie pour rendre hommage à celui qui a fait de la paix une idée si vivace pour le monde, pour rappeler le caractère permanent de l’engagement d’Yitzhak Rabin. Hier, aujourd’hui, demain, nous devons continuer à toujours tendre la main à la paix.
Depuis sa création, le CRIF défend l’Etat d’Israël dans sa pérennité et sa sécurité.
Une mobilisation que je suis fier de porter, et particulièrement aujourd’hui, en mémoire d’un Homme qui a donné sa vie pour l’apaisement des tensions et qui a ouvert la voie de la paix.
Nous devons nous montrer à la hauteur du combat engagé par les héros que nous honorons.
Ne dîtes pas : "Un jour viendra"
Faîtes-le venir.
Car ce n’est pas un rêve.
Et sur toutes les places
Acclamez la paix !
Ces paroles, ce sont celles du chant pour la paix « Shir laShalom » entonné il y a de 24 ans, ce 4 novembre 1995, par des milliers d’Israéliens qui portaient dans leurs cœurs le projet de la paix.
Hier soir, en Israël, sur la place de Tel Aviv qui porte désormais le nom d’Yitzhak Rabin, des dizaines de milliers de personnes étaient réunies pour lui rendre hommage.
Hier soir, « Shir laShalom » a de nouveau été chanté.
Par d’autres générations et d’autres Israéliens. Mais toujours avec la même émotion. Celle d’une nation dont le cœur bat pour la paix.
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