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Je rends hommage à Claude Lanzmann dont la force de création et la puissance de la pensée resteront malgré sa disparition. Ses travaux dont le monumental Shoah sont entrés dans l'histoire. Nous lui devons toute notre reconnaissance et l'assurance de perpétuer son oeuvre.
— Francis Kalifat (@FrancisKalifat) 5 juillet 2018
En 1934, à la suite du divorce de ses parents, Claude, son frère cadet Jacques (écrivain, scénariste et parolier) et sa sœur Evelyne (Evelyne Rey, actrice de théâtre), emmenés par leur père, vont vivre à Brioude, en Haute-Loire. Ils y restent jusqu’en septembre 1938. Quand la famille retourne à Paris, Claude poursuit ses études au lycée Condorcet, où il découvre l’antisémitisme lorsqu’il assiste au quasi-lynchage d’un élève juif nommé Lévy, sans oser intervenir. Il subit lui-même des remarques antisémites.
Pendant la guerre, il s’engage dans les Jeunesses communistes et dans la Résistance à Clermont-Ferrand, où il est interne au lycée Blaise-Pascal. En janvier 1945, il est admis en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Il y rencontre Jean Cau, secrétaire de Jean-Paul Sartre (de 1946 à 1957), avec qui il noue une grande amitié. Il suit des études de philosophie à la Sorbonne puis à l’université Eberhard Karl de Tübingen, en Allemagne. Il enseigne à Berlin en 1948-1949. [...]
Le film Shoah : unique et nécessaire
Dans les années 1970, Claude Lanzmann s’ouvre au cinéma avec des films documentaires comme Pourquoi Israël (1973) et Shoah. D’une durée de neuf heures et demie, ce dernier est réalisé à partir de trois cent cinquante heures de prises de vues, effectuées entre 1974 et 1981. Il est le fruit de douze années de travail autour de la parole des protagonistes des camps de concentration et d’extermination. Après quatre années de montage, il sort en 1985. Shoah est considéré comme un monument du cinéma : sans image d’archives, il parvient à dire l’indicible sur le génocide. Le film est construit en quatre volets : la campagne d’extermination des camions à gaz à Chełmno, le camp de la mort de Treblinka, celui d’Auschwitz-Birkenau, et le processus d’élimination du ghetto de Varsovie. Le film reçoit un César d’honneur en 1986.
S’intéressant toujours à Israël, Lanzmann tourne également Tsahal (1994), considéré comme le dernier volet d’une trilogie après Pourquoi Israël et Shoah. En 2009, il publie un livre de mémoires, Le Lièvre de Patagonie (Gallimard). Plus tard, il tourne Le Dernier des injustes (2013), « donnant la parole au dernier doyen des Juifs du ghetto de Theresienstadt ».
En 2017, il consacre un film à la Corée du Nord, Napalm, dans lequel il revient avec émotion sur sa romance avec une jeune infirmière nord-coréenne lors de son premier voyage à Pyongyang, en 1958, avec une délégation d’intellectuels occidentaux.
En 2018, il revient sur la question juive. Dans Les Quatre Sœurs, quatre films diffusés les 23 et 30 janvier sur Arte, quatre femmes juives de Pologne, de Hongrie et de Tchécoslovaquie témoignent du cauchemar qu’elles ont vécu, déportées et témoins de la mise à mort des leurs. Des revenantes – mortes depuis –, parties en Israël ou aux Etats-Unis, que le réalisateur avait rencontrées pour le tournage de Shoah. A 92 ans, Claude Lanzmann confiait dans un entretien à France Culture : « Je ne me suis jamais guéri de la mort. Ce qui me scandalise le plus dans le monde, c’est de devoir mourir. Je n’aime pas la musique, et je n’aime pas mourir. Vous pouvez dire ça de moi. »
Claude Lanzmann a reçu un Ours d’or d’honneur pour l’ensemble de son œuvre lors de la Berlinale 2013, et il a été fait grand officier de l’ordre national de la Légion d’honneur le 14 juillet 2011.
Source : Le Monde
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