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Il sort aujourd’hui en France. Rencontre avec son auteure, fidèle à l’enfant qu’elle était.
Invariablement, le vendredi, Janina Hescheles-Altman se tient sur un rond-point de Haïfa avec les Femmes en noir pour manifester contre l’occupation des Territoires palestiniens. Les automobilistes l’injurient ou lui crachent à la figure. Elle n’en a cure. Ses yeux bleus intenses ont vu tant de choses. Sans fléchir. Ils s’éclairent pour parler des rencontres où enfants israéliens et allemands, assis côte à côte, l’écoutent. « Au sortir de la guerre, je ne pensais pas que cela serait possible. Il aura fallu trois générations. Peut-être qu’il faudra plus de temps, mais j’espère que l’on pourra voir, un jour, de telles scènes entre Israéliens et Arabes. »
Janina rassemble, selon ses proches, toutes les caractéristiques du mensch. Un être intègre et d’une « bonté impitoyable » loué dans la tradition yiddish. A 86 ans, sa fragilité est palpable, accentuée par la maladie de Parkinson. Mais son corps et son âme recèlent une fermeté inaltérable qu’on découvre au fil des trois heures d’entretien. C’est elle qui dicte le tempo. Faisant fi des questions que nous lui avions envoyées, elle suit sa propre chronologie.
De son enfance heureuse à Lvov en Pologne (aujourd’hui en Ukraine), elle ne dit rien. La berceuse qu’elle entonne en polonais en est la seule réminiscence. Le reste est oublié. Elle démarre son histoire, là où, elle estime que tout a commencé : « C’était en 1941. Mon père venait de rentrer à la maison après avoir été emprisonné par les Soviétiques qui ont occupé la ville avant les Allemands. »
Publié dans Télérama le 5 Avril 2017, lire la suite ici