Propos recueillis par Nicolas Senèze publié dans
la Croix le 8 mars 2016
"Être antisioniste, c’est être contre Sion, c’est-à-dire l’État juif. Bien évidemment, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas critiquer la politique d’un pays. Il est tout à fait normal d’être opposé à la politique d’un gouvernement, et les citoyens israéliens ne s’en privent d’ailleurs pas, sinon ce ne serait pas une démocratie.
Mais un antisioniste va plus loin, car c’est quelqu’un qui nie le droit à l’existence de l’État d’Israël. L’antisionisme est le refus de l’État d’Israël.
Ce qui a marqué les esprits, c’est la résolution 3379 votée le 10 novembre 1975 par l’Assemblée générale des Nations unies qui soulignait « que le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ».
Bien que révoquée en 1991, elle a contribué à donner une connotation négative au sionisme conçu initialement par Theodor Herzl (1860-1904) comme un projet d’émancipation du peuple juif.
Après la Shoah, ce n’est pas très élégant d’être antisémite, surtout à gauche où la tradition antiraciste demeure forte. Mais dire que l’on est contre un État réputé fasciste et pratiquant l’apartheid, c’est nettement plus élégant.
Pour beaucoup, notamment à gauche et à l’extrême gauche, cela se porte même très bien. Ainsi l’antisionisme est-il un peu le nouvel habit de l’antisémitisme.
"L’antisionisme est une aubaine car il nous donne la permission, et même le droit, et même le devoir d’être antisémites au nom de la démocratie", remarquait très bien Vladimir Jankélévitch. L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux (1)".
On retrouve ce discours chez ceux qui prônent le boycott d’Israël. Ils commencent par dire qu’il faut boycotter les produits des territoires dits occupés.
Mais ils boycottent ensuite les oranges de Jaffa ou la troupe israélienne de danse Batsheva qui s’est produite en janvier à l’Opéra Garnier. Ce ne sont pourtant pas des activités venues des Territoires palestiniens !"...
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(1) L’imprescriptible. Pardonner ? Dans l’honneur et dans la dignité, Seuil, 1986, p. 18-19.