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Pouvez-vous nous présenter le Prix Ulif Copernic ? Et surtout la motivation qui guida la création de ce prix.
Dans l’histoire du judaïsme, on retrouve toujours deux composantes. La première tournée vers la vie communautaire, tournée vers l’intérieur, et parfois même vers l’intérieur d’un ghetto et le second vers l’humanité tout entière. Nous voulions prendre acte de ce que la vie du ghetto était définitivement finie. Nous avons créé ce prix en disant que nous juifs avons partie liée aux initiatives de fraternité, quelles qu’elles soient et où qu’elles soient. Portés par des juifs ou non, laïcs ou religieux. Notre sensibilité particulière à la souffrance et à l’injustice nous invite à reconnaître que le monde ne fonctionne pas comme il le devrait, et donc nous dote également d’une sensibilité envers la fraternité, qui n’est que l’anticipation du monde à venir. C’est la raison pour laquelle on a créé ce prix-là. Pour identifier et encourager des individus et des associations qui nous paraissent parfaitement en phase avec le projet du judaïsme qui est la paix et la fraternité universelles. Nous voulions accomplir un acte de judaïsme en le faisant. D’ailleurs, le Tikoun Olam (la réparation du monde) est une grande injonction du judaïsme. Mais pensez-vous que nous pouvons rectifier, réparer le monde tout seul ? Évidemment non.
Comment vous y êtes-vous pris ?
Nous avons constitué un jury qui est composé de cinq membres : Martin Hirsch, Christine Kelly et Isabelle Giordano, trois personnes ayant une grande expérience des projets d’aide à autrui. Auxquelles s’ajoutent deux représentants de l’ULIF Copernic : Guy Bouaziz et moi-même. Nous l’avons également conçu en partenariat avec l’Institut d’études civiques de Martin Hirsch. Cette école, cette grande école pourrait on dire, a vocation à identifier et soutenir de jeunes porteurs de projets d’engagement au service des autres. Un des deux prix décernés le sera à l’un des lauréats de l’Institut, l’autre à une personnalité choisie. La première édition du prix date de 2012 et avait récompensé le travail de l’association judéo-musulmane de France. Pourquoi ? Car ils agissent sur le terrain, concrètement. Changeant la réalité, en rencontrant les jeunes juifs et musulmans pour les convaincre que la violence ne doit pas avoir de place dans la société. Qu’il s’agit d’une très mauvaise lecture des textes religieux que de croire que ceux-ci recommanderaient la haine ou la guerre.
Qui sont les lauréats de cette année ?
Le premier prix sera décerné à Adeline Kulig et Antoine Touillet de l’Institut, pour leur projet « À contre-courant » qui sera mis en œuvre à Chalons en Champagne. Ils vont dans les villes et villages des environs pour encourager les jeunes à s’investir dans des projets d’engagement. Et à faire en sorte que les villages et la ville développent les rencontres et échanges. Notamment en mettant en place des synergies et des actions croisées dans les domaines des échanges artistiques et culturels. Ils encouragent aussi les entrepreneurs de Chalons à recruter dans les bassins d’emploi des zones proches. Le but est de réenraciner dans cette agglomération un certain nombre de jeunes pour qu’ils n’aient pas envie de partir. C’est un projet de création et de lien social. L’autre récipiendaire est l’Imam Chalghoumi pour son implication non seulement dans le dialogue judéo-musulman, mais plus largement pour son engagement dans la constitution d’un islam de France républicain.
Source: http://larchemag.fr/2013/06/14/725/lulif-recompense-deux-initiatives-de-tikoun-olam/