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Publié le 30 Mars 2015

La Tunisie défile contre le terrorisme

Meurtrie par l'attentat du Musée du Bardo, la Tunisie dit non au terrorisme

Publié dans Le Figaro le 29 mars 2015 

Alors que les autorités rassemblaient des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Tunis, le chef d'un groupe djihadiste accusé d'avoir «dirigé» l'attentat du 18 mars a vraisemblablement été tué la nuit dernière.
La Tunisie marchait ce dimanche «contre le terrorisme» en rassemblant des dizaines de milliers de personnes et un parterre de dignitaires étrangers, dont François Hollande, à la suite de l'attaque meurtrière du musée du Bardo. Aux premiers instants de l'évènement, les autorités ont parlé de plus de 10.000 personnes rassemblées qui ont commencé à défiler.

«Tunisie libre, terrorisme dehors», «Notre pays est plus fort que vous», scandaient les manifestants, dont beaucoup agitaient des drapeaux tunisiens sur l'avenue menant au Bardo, noire de monde.

«Je pense qu'il y aura des dizaines de milliers de personnes», avait déclaré vendredi le porte-parole de la présidence Moez Sinaoui, évoquant «l'union sacrée» du pays face au «terrorisme». Le président Caïd Essebsi avait lancé un appel mercredi soir à la télévision pour que les Tunisiens se mobilisent. Le cortège, parti de la place Bab Saadoun, doit s'achever devant le musée visé par l'attaque le 18 mars ayant fait 22 morts.

Sur les réseaux sociaux, la présidence tunisienne a diffusé depuis plusieurs jours les mots-clés#LeMondeEstBardo et #TheWorldIsBardo.
Dimanche aux cotés du président tunisien Béji Caïd Essebsi, on pouvait apercevoir le chef de l'Etat français François Hollande et le Premier ministre italien Matteo Renzi ainsi que le président gabonais Ali Bongo et son homologue palestinien Mahmoud Abbas. Les dirigeants ont marché sur un parcours d'une centaine de mètres dans un périmètre complètement bouclé par des centaines de policiers et militaires munis d'armes automatiques et de gilets pare-balles. Les dignitaires ont ensuite, dans la cohue, inauguré une stèle portant les noms des victimes.

Le chef de l'État français, qui samedi a annoncé la mort d'une quatrième ressortissante française blessée lors de l'attentat, est accompagné par le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone et l'ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë. Ces derniers sont tous deux nés en Tunisie.
«Un grand salut au peuple tunisien qui a prouvé qu'il ne cèderait pas au terrorisme. Merci à tous et je dis au peuple tunisien: ‘En avant! tu n'es pas seul'», a lancé Caïd Essebsi, 88 ans. Dans un lapsus, au lieu de remercier François Hollande de sa venue, il a cité «François Mitterrand», l'ex-chef de l'Etat français décédé en 1996.
Ce rassemblement n'est pas sans rappeler celui organisé en janvier par François Hollande aprèsl'attaque contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo et d'un supermarché casher de Paris.

Le musée rouvre lundi au public.
Le parti islamiste Ennahda, allié au gouvernement, a annoncé sa participation à la manifestation en qualifiant le «terrorisme d'ennemi de l'Etat, de la révolution, de la liberté, de la stabilité et du développement». La puissante centrale syndicale UGTT a également appelé «tous ses membres (...) et l'ensemble du peuple tunisien à participer massivement» à la marche.

Après l'attaque du musée, une partie de la gauche avait dénoncé la participation d'Ennahda à toute forme d'union nationale «contre le terrorisme», jugeant que le parti islamiste entretenait des liens troubles avec la mouvance jihadiste, en particulier lorsqu'il était au pouvoir de fin 2011 à début 2014.
Le musée du Bardo se préparait, lui, à reprendre une activité normale après l'attaque revendiquée par le groupe Etat islamique mais que les autorités tunisiennes ont dit avoir été dirigée par l'un des chefs d'un groupe affilié à Al-Qaïda, Lokmane Abou Sakhr à la tête de la phalange Okba Ibn Nafaa. Samedi soir, une opération armée dans le Sud du pays a d'ailleurs vraisemblablement tué ce chef dont le groupe s'était déclaré proche de l'État islamique, sans pour autant y prêter allégeance.
La Phalange Okba Ibn Nafaa est le principal groupe armé tunisien, une branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a revendiqué nombre d'attaques contre les forces armées tunisiennes dans la zone frontalière entre la Tunisie et l'Algérie depuis fin 2012.

http://www.lefigaro.fr/international/2015/03/28/01003-20150328ARTFIG00156-la-tunisie-organise-une-marche-contre-le-terrorisme.php