Les deux principaux candidats pour la région Auvergne Rhône-Alpes, Jean - Jack Queyranne, (PS, MRG, Société Civile) puis Laurent Wauquiez (Les Républicains, UDI, Modem) ont été successivement reçus à l’espace Hillel les lundi 23 novembre et jeudi 26 novembre 2015 dans des réunions conviviales présidées par Nicole Bornstein et modérées par le journaliste Luc Rosenzweig.
Après un rapide exposé de chacun des candidats, des questions de l’assemblée leur ont été adressées.
Jean - Jacques Queyranne, président sortant de la région Rhône - Alpes a dressé un bilan de son mandat et s'est félicité de la fusion avec la région Auvergne.
Parmi les réalisations, l'autoroute A 89, la ligne TGV Paris – Orléans - Clermont, le réseau numérique, les maisons de santé, le développement et l'aide à la culture, à la musique, au sport, aux associations.
Après les tragiques attentats du vendredi 13 novembre, il souhaite un sursaut de démocratie dont la 1è dimension est le droit de vote. Pour la sécurité, c'est l'Etat qui en est le pilote et il rappelle que la vidéo - surveillance équipe déjà les TER, 14 gares de la région ainsi que les lycées publics et privés (5 millions et 1,5 millions alloués). Il souhaite une augmentation de 20% des crédits aux lycées pour un meilleur enseignement des valeurs de la république et de laïcité, une aide aux parents pour signaler des radicalisations.
Pour Jean Jacques Queyranne « Face à la déconstruction de notre société, un réarmement moral est nécessaire »… et il se félicite de la réappropriation du drapeau tricolore par les français en dehors du FN ; au « Vivre ensemble » il préfère le « Faire ensemble ».
Il y a eu une formidable réaction du peuple français et on est en droit d'être exigeant avec les responsables musulmans qui doivent dénoncer ce cancer de l'islam qu'est Daech, l'Etat Islamique.
La République française doit être intransigeante avec les auteurs d'actes antisémites en augmentation.
Le Moyen-Orient est une poudrière mais on constate que la France subit aujourd'hui les mêmes violences qu'Israël.
Jean - Jacques Queyranne a ensuite répondu à de très nombreuses questions:
- Concernant le financement de certaines associations détournant les fonds alloués à des fins politiques hostiles à Israël, Monsieur Jean - Jacques Queyranne assume l’aide à Jéricho et aux agriculteurs palestiniens. Il évoque le financement de la chambre de commerce France Israël qu’il a toujours soutenu et insiste sur la nécessité de financements justes, sur la base de dialogues…tout en faisant preuve de vigilance.
Monsieur Jean – Jacques Queyranne a souligné qu’Israël est un Etat démocratique dont l’existence dans des frontières sûres et reconnues telles que définies en 1967 ne doit pas être contestée.
-Sur le sujet du boycott des produits, artistes ou scientifiques israéliens, sa réponse est une condamnation claire et il l’illustre par l’exemple des partenariats de la Région avec Israël (Technion de Haïfa et Institut Weizmann de Rehovot).
-Sur la question des alliances électorales, en particulier avec les écologistes et le front de gauche, il nous a assurés de sa vigilance quant à leur antisionisme virulent.
-Ont été également évoqués par l’assistance :
- L'échec du multi culturalisme tous azimuts, de la lutte contre la radicalisation
- La lutte contre Daech avec Poutine comme allié, et le sort de Bachar el Assad
- La montée constante du FN
- L'anti-sionisme virulent à Lyon II
- Les entretiens d'embauche au sein des collectivités ou entreprises de sécurité (individus fichés "S")
- Les valeurs de la république enseignées en collège ou lycée
Présentation Laurent Wauquiez
Monsieur Laurent Wauquiez est reçu dans les mêmes conditions que Monsieur Jean – Jacques Queyranne, avec prise de parole suivie de questions adressées par l’assistance.
Le candidat, compte tenu des évènements récents, ne souhaite pas parler directement de son programme pour la région mais préfère d’emblée centrer ses propos sur les problèmes du terrorisme et de la montée de l’intégrisme.
M. Laurent Wauquiez indique d’abord qu’il parle arabe, qu’il a vécu dans un pays arabe ( l’ Egypte ) et qu’ il ne veut pas que la France revive ce qu’il a vu en Egypte avec la montée du salafisme.
Face à nous, membres de la communauté juive, communauté inquiète qui s’interroge sur son avenir en France, il considère que la classe politique doit se poser les bonnes questions, ne plus pratiquer le double langage, être claire sur ses convictions et ne faire « ni amalgame, ni angélisme ». ..Et ainsi il est indispensable bien nommer les choses en parlant non pas d’islam mais d’islam intégriste.
Il ne faut pas avoir d’état d’âme pour ceux qui veulent faire le Djihad, et notamment les 350
« fiches S » présentes selon Laurent Wauquiez dans notre région.
Les subventions accordées aux associations doivent être surveillées de façon transparente, et aucun double discours n’est acceptable, notamment en soutenant financièrement (200 000 euros) des associations pro palestiniennes….et par ailleurs se dire ami de la communauté juive…
Le boycott et l’étiquetage des produits provenant des territoires ne sont pas de mise alors qu’il existe bien d’autres contentieux territoriaux de par le monde.
Monsieur Laurent Wauquiez affirme qu’il n’aura pas de double discours par rapport aux écologistes, et l’extrême gauche et ni de compromission avec le FN.
Dans les lieux de mémoire, aucune place ne sera non plus accordée aux doubles discours avec les tentatives de mettre en balance la Shoah avec le problème palestinien.
Les valeurs fondatrices de notre pays, à l’élaboration desquelles il considère que notre communauté a participé, doivent être respectées et maintenues.
« Ni laxisme, ni fascisme » est le slogan qui a conclu son intervention avant les questions de l’assistance.
Réponses aux questions :
• Le CRIF est-il une association communautaire ?
Toute association dont l’identité et la culture enracinées dans la république française participent au bien commun et à l’identité de la république mérite d’être soutenue et ne pose aucun problème.
Pour Laurent Wauquiez, Il en va de même de la communauté arménienne qui, comme la communauté juive, se compose de « Républicains modérés qui ne sont pas modérément républicains » expression citée par Luc Rosenzweig en début de séance pour définir notre communauté et qu’il a volontairement reprise avec enthousiasme.
• L’observatoire de la laïcité régionale sera-t-il conservé ?
Oui, pour autant que tous les élus y travaillent ensemble, pour une laïcité bien comprise. Cela ne doit pas être dans la haine des religions mais au contraire dans le respect de toutes les religions et contre toutes les dérives de l’intégrisme.
• Maison Izieu ?
Maintien des subventions, mais économie à prévoir sur le fonctionnement administratif, comme pour tous les services administratifs dans la région dont il a estimé les dépenses prohibitives.
Des économies doivent se faire pour favoriser le développement de la région avec des investissements en matière d’entreprises, commerces, santé, numérique, éducation…
En matière d’éducation, il a insisté sur les valeurs du travail, de la réussite et du mérite.
• Manifestations du BDS avec slogans haineux autorisées ?
Les politiques au nom du respect du droit ne doivent pas se renvoyer la balle. Le droit est un instrument mais pas une fin en soi.
La sécurité est l’affaire de tous dans la lutte contre le terrorisme
• Cumul des mandats ?
S’il est élu, il assurera pleinement sa fonction de président de région, sans engagement dans une autre fonction que ce soit celle de député ou de ministre en 2017.
• Pas de compromis avec le FN. Son combat c’est l’absence de haine et de rejet de l’autre ; mais le sentiment d’excuse des politiques nourrit le FN.
« La politique se meurt d’une classe politique en plein syndrome munichois ».
Il faut agir vite pour lutter contre un Etat qui se défait et éviter que notre pays sorte de l’histoire, comme d’autres par le passé.
En conclusion, nous avons reçu deux candidats qui sont apparus comme des amis de leurs concitoyens juifs qu’ils s’accordent tous deux à considérer comme des citoyens républicains parfaitement en accord avec les valeurs de la république.
Ils présentent cependant, comme il fallait s’y attendre, chacun une vision différente l’une franchement à gauche, l’autre franchement à droite, ce qui vient démentir formellement l’amalgame véhiculé.