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le Hamas ne s´acquitte pas de son obligation de fournir sécurité et services aux habitants de Gaza
Le Hamas est conscient de l´impact des mouvements de protestation des pays arabes sur l’opinion palestinienne, et des risques qu´ils représentent pour son régime. C’est pourquoi il réprime sévèrement toute initiative de révolte - notamment de la part des militants du Tamarrud, qu´il n’hésite pas à persécuter, arrêter et menacer.
En prévision du 11 novembre, le Tamarrud avait clairement fait savoir que si le gouvernement Hamas n’annonçait pas son intention d’organiser des élections, il descendrait dans les rues pour manifester et même déclencher des troubles civils. Il démentit les allégations selon lesquelles il rechignerait à mettre son plan à l’œuvre, de peur que le Hamas ne « massacre » ses militants.
Le Hamas, déterminé à maintenir son hégémonie et rejetant la demande d´élections, ne voyait pas d´un bon œil les militants du Tamarrud organiser des activités de protestation, de crainte que se reproduisent les événements du Jour du Fatah à Gaza le 1er janvier 2013 : le Hamas, qui avait alors permis aux militants du Fatah de célébrer l’anniversaire de la fondation l’organisation, avait été pris de court lorsque ces « festivités » s´étaient transformées en une considérable démonstration de force à son encontre.
Contrairement au Tamarrud égyptien, qui a bénéficié du soutien de l´armée pour l´éviction du président Mohamed Morsi, le Tamarrud palestinien n´est pas militarisé. Par conséquent, ses chances de faire tomber le régime du Hamas sont faibles.
Le mouvement Tamarrud de Gaza
Le nom complet du mouvement est Harakat Tamarrud Ala Al-Zulm Fi Ghazza (« Le Mouvement de la rébellion contre l´injustice à Gaza »). Ses militants ont entamé la campagne de destitution du Hamas à Gaza le 1er juillet 2013, le lendemain des manifestations du Tamarrud en Égypte, le 30 juin 2013 (bien que la date de lancement officiel de la campagne soit le 11 novembre 2013). [1] Il compte environ 90 000 partisans, ainsi que des militants à Gaza et en Cisjordanie.
Le responsable général du Tamarrud est Abd Al-Rahman Abou Jami, et son porte-parole Iyad Abou Rok. Certains de ses dirigeants vivent à l´étranger. Le mouvement a révélé les noms de quelques coordinateurs à l´intérieur et à l´extérieur de l´Autorité palestinienne ; parmi eux se trouvent des membres du Fatah, comme Ihsan Al-Jamal, qui agence les opérations du Tamarrud en Syrie et au Liban. Les activistes de Gaza restent dans l’anonymat, de peur d’être persécutés. [2]
Les porte-parole du mouvement, dirigés par Iyad Abou Rok, veillent à le présenter comme apolitique. Selon Abou Rok, le Tamarrud n´est associé à aucun élément politique palestinien ; c´est un mouvement de jeunesse totalement indépendant ; une partie de son activité est menée secrètement et méthodiquement, et il entretient des contacts avec la diaspora palestinienne. Rok précise : le mouvement « n´envisage pas de prendre les armes ». [3]
Les motifs de la protestation anti-Hamas du Tamarrud
Les accusations du Tamarrud contre le Hamas, qui constituent sa principale raison d´être, ressemblent à celles que l’on trouve sur les sites du Fatah et les quotidiens de l´Autorité palestinienne. L’objectif du mouvement est de « dénoncer les actions du Hamas et du gouvernement [du Premier ministre du Hamas à Gaza] Ismaïl Haniyeh contre les Palestiniens, comme les arrestations arbitraires, les assassinats et la confiscation de la liberté d´expression des résidents [gazaouites]. » Le Tamarrud accuse également le Hamas de fournir des services publics de mauvaise qualité, comme en témoignent principalement les pannes de courant prolongées, et lui impute la responsabilité de divers maux dans la bande de Gaza : l´augmentation de la consommation de drogues et de la toxicomanie, les restrictions imposées aux journalistes, le monopole du Hamas sur les emplois et les positions de la fonction publique, l´expropriation des propriétés des résidents, l’imposition des Gazaouites dans tous les domaines de la vie pour gonfler les coffres du gouvernement, le rejet de toute initiative de réconciliation avec le Fatah, l’incapacité à tenir la promesse d´organiser des élections, la division sociale et la marginalisation des citoyens de Gaza. Iyad Abou Rok affirme que le Tamarrud est né de « l´injustice et de la tyrannie dans la bande de Gaza, de la souffrance de la jeunesse palestinienne, victime de l’ignorance politique du Hamas, du chômage et [de la dissémination de] stimulants [drogues]. » Il ajoute : « Le Tamarrud est un mouvement de jeunesse indépendant qui défend les opprimés de la bande de Gaza ». [4]
Un auteur connu sous le nom de Kanar Filastin déclare sur un site proche du Fatah : « Les habitants de Gaza se demandent de plus en plus si le Hamas est réellement un mouvement djihadiste dont l’objectif est de libérer la Palestine, ou s’il se veut l´aile militaire des Frères musulmans, puisqu´il défend manifestement leur plan politique, soutenu par l´administration américano-sioniste... Ainsi, les sionistes n’assassinent pas les dirigeants du Hamas, et en retour [les dirigeants du Hamas] assurent la sécurité à la frontière d’Israël [et de Gaza] et deviennent un émirat Hamas-FM à Gaza et dans certaines parties du Sinaï près de la frontière [Israël-] Gaza. » Et d’ajouter que le Hamas s’attelle à « supprimer tout individu dans la bande de Gaza qui tenterait de descendre dans les rues et d´exprimer son opinion librement et clairement ». [5]
Selon Filastin, le Hamas ne s´acquitte pas de son obligation de fournir sécurité et services aux habitants de Gaza, et ignore « la jeunesse qui, de son sang pur, a allumé la bougie de la liberté et de l´honneur, de la justice et de l´égalité, pour déclarer la naissance de la nouvelle Palestine – libre de toute injustice, discrimination ou favoritisme. » [6]
Pour lire l’intégralité de l’article en anglais cliquer ici
* C. Jacob est chercheur au MEMRI.
Notes :
[1] Al-Ahram (Égypte), 5 octobre 2013.
[2] Amad.ps, le 12 octobre 2013.
[3] Al-Quds Al-Arabi (Londres), 1er novembre 2013.
[4] Al-Hayat Al-Jadida (Autorité palestinienne), le 15 octobre 2013.
[5] Alaahd.ps, le 12 août 2013.
[6] Alaahd.ps, le 12 août 2013.
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