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La revue Histoire consacre son numéro des Collections de L'Histoire n°58 de février 2013 au plus grand désert du monde où neuf otages occidentaux sont aujourd'hui détenus
Aucun territoire autant que celui-là ne semble installé dans l'immobilité. L'aridité sans doute, la chaleur intense. Les étendues vides à l'infini. Hérodote raconte que s'y seraient perdues les armées du roi perse Cambyse. Comme si le temps, là, ne s'écoulait pas. Lorsque les occidentaux découvrent le Sahara, au XIXe siècle, il n'est à leurs yeux qu'une frontière entre le Maghreb et l'Afrique.
Et s'il s'agit de le conquérir, c'est uniquement parce qu'il constitue une des routes possibles vers l'Afrique « utile ». C'est bien volontiers qu'en 1890 l'Angleterre cède à la France ces «terres très légères » : elles formeront en 1939 un tiers de l'empire colonial français. Ces espaces inconnus attirent bien quelques assoiffés d'aventures ou de spiritualité. Beaucoup y laissent la vie. Le Sahara aspire, perd, anéantit qui s'y risque. Il se dépasse, se dompte. Mais sans valeur, il serait aussi sans histoire.
Et pourtant, mélanges, transferts, passages ont marqué cet espace. Des hommes l'ont peuplé il y a dix mille ans, au temps où, couvert d'une vaste savane, il abritait aussi des chevaux et des bovidés dont les fresques du Tassili gardent la mémoire. La désertification le referme. Jusqu'à ce que l'islam, de nouveau, le constitue. En même temps que pénètre la nouvelle religion se mettent en place, à partir du Vème siècle, des relations régulières d'une rive à l'autre. D'immenses caravanes, transportant sel, or, étoffes, dattes, mais aussi esclaves, viennent approvisionner les grands marchés des marges : Sijilmasa, Tombouctou, Gao...
De ce commerce, les Touaregs sont les principaux acteurs. Leur mode de vie, axé sur le chameau et le nomadisme, a contribué à la perpétuation des routes, des oasis, des connexions nord-sud. Mais la géopolitique a changé. Le pétrole a jailli. Les frontières issues des indépendances, les grandes sécheresses, les bouleversements liés aux révolutions arabes viennent aujourd'hui bousculer ces traditions en même temps que le territoire qu'elles structuraient. Au point que les trafics de grande ampleur et le terrorisme semblent à certains le seul horizon. Les flammes d'aujourd'hui ont des foyers anciens. Le Sahara a bien une histoire.
La revue Histoire consacre son numéro des Collections de L'Histoire n°58 de février 2013 au plus grand désert du monde où neuf otages occidentaux sont aujourd'hui détenus. En vente en kiosques.