- English
- Français
Ses « Portraits du colonisé et du colonisateur » sont étudiés dans les facultés d’Afrique du Nord et du tiers-monde. Homme de gauche, partisan de l’indépendance de son pays natal, il sera néanmoins contraint à l’exil, constatant, à son grand désespoir, que les Juifs, bien que d’implantation plus ancienne que les Arabes dans le pays, n’avaient pas leur place dans une Tunisie indépendante.
Marié à Germaine Dubach, une Alsacienne catholique pratiquante, Albert Memmi, après avoir poursuivi des études supérieures à Alger et à Paris, était revenu au pays natal en 1949. La Tunisie est alors en pleine ébullition et les velléités d’indépendance se précisent.
Dans son appartement parisien, Memmi a, au fil des ans, accumulé, rangés dans des tiroirs, des cahiers d’écolier, des petits carnets à spirales voire de simples feuilles volantes, des notes qui sont autant de parcelles d’un journal intime qu’il désigne comme son « garde-manger ».
C’est ce véritable trésor que Guy Dugas, grand spécialiste de la « littérature judéo-maghrébine » a dépouillé et classé. Les notules proposées couvrent les années 1955-1956, années cruciales de l’autonomie interne et de l’indépendance. On y découvre tout à la fois, des considérations politiques, des indications sur des conversations avec des personnalités ou encore et des informations à caractère personnel.
Quelques exemples :
« J’ai donc choisi de tout dire ou de me taire »
« Je suis content, en somme, de vivre cette aventure tunisienne »
« En bref, sur le fait Français en AFN, je souhaitais la fin de leurs privilèges, mais pas la fin de leur présence en tant qu’hommes »
« Cette surenchère que je fais vis-à-vis des Tunisiens musulmans, m’empêche actuellement de m’affirmer ce que je suis véritablement. Par exemple ambigu vis-à-vis des Français (et non seulement hostile). Et par exemple l’État d’Israël »
Publié dans le Blog du Crif, Lire la suite ici