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Publié le 8 Septembre 2014

Pourquoi Israël est plus que jamais face à des adversaires obsédés par son éradication

Interview de Frédéric Encel publiée sur Atlantico le 6 septembre 2014

Entre les attaques répétées de la part du Hamas, et le discours anti-israëlien que pratiquent bon nombre de groupes terroristes du Proche et du Moyen-Orient, la situation régionale actuelle montre une opposition particulièrement agressive, et rarement vue contre Israël.

Atlantico : Israël vient de repousser pour la énième fois les attaques du Hamas à Gaza. Malgré la défaite militaire du groupe terroriste palestinien armé par l’Iran, celui-ci a renouvelé son intention de détruire l’État hébreu. La communauté internationale, qui a presque unanimement et durement critiqué la riposte de Tsahal (hormis les États-Unis et le Canada) n’a-t-elle pas tendance à sous-estimer le danger que représente le Hamas pour la survie d’Israël ?

Frédéric Encel : Je serais plus nuancé sur les critiques. En réalité, non seulement toutes les chancelleries occidentales - et non seulement Washington et Ottawa - ont limité ou tu leurs critiques à l'égard d'Israël, mais il en fut de même pour la Russie, la Chine ou encore l'Inde. Plus caractéristique encore de l'évolution géopolitique de la région : la Ligue arabe, désunie et faible comme jamais, n'a que mollement protesté contre l'État juif, puisque les poids lourds saoudien et égyptien étaient résolument opposés au Hamas !

Mais il va de soi que la puissance de feu de Tsahal étant bien supérieure à celle du mouvement islamiste, le bilan ne pouvait qu'être bien plus lourd du côté palestinien et, partant, les reproches les plus nombreux et les plus acerbes s'exprimèrent à l'encontre d'Israël.

En plus du Hamas à Gaza, l’État hébreu est confronté aux menaces du Hezbollah au Liban, d’Al Qaida à la frontière syrienne et même de l’État islamique, pour qui Israël est une cible déclarée. Quels sont les risques réels posés par ces groupes terroristes ? Sont-ils exagérés ?

Disons que, chacun pris séparément, ces groupes ne pourraient en aucun cas détruire Israël. Si le Hamas et le Hezbollah lui opposaient de concert toutes leurs forces coalisées - scénario de plus en plus invraisemblable au regard du fossé sanglant entre sunnites et chiites - leur capacité de nuisance serait sinon désastreuse pour l'État hébreu du moins très pénible pour son moral et son économie. Quant aux jihadistes de l'État islamique, dangereux pour toute la région et pas seulement pour Israël, ils sont fanatiques, mais pas stupides : parvenus à la frontière jordanienne, ils se sont détournés plutôt que d'assaillir le modeste royaume hachémite. Pourquoi ? Car Tsahal et l'armée américaine les auraient frappés très puissamment afin de secourir leur protégé...

Ce qui demeure chez les Israéliens, c'est ce sentiment anxiogène d'encerclement, de menace existentielle constante. Le fameux syndrome d'Auschwitz... D'où ce besoin permanent de se renforcer et de dissuader. 

La confrérie des Frères musulmans d’Égypte, qui a donné naissance au Hamas, représente, elle, toujours une menace politique pour Israël, malgré la répression du Président al-Sissi ?

Les Frères musulmans sont violemment antisémites et non "seulement" antisionistes, c'est un fait. Cela dit, là encore, le pragmatisme n'est jamais très loin. Je note que durant sa courte année au pouvoir en Égypte, en 2012-2013, Mohamed Morsi n'aura rien tenté contre "l'ennemi sioniste", coopérant même au contraire chaudement avec lui pour lutter contre des terroristes... islamistes dans le Sinaï ! Cela dit, naturellement, les Israéliens préfèrent un officier supérieur nationaliste. Ce schéma leur est familier depuis des décennies... Lire la suite.