Par Guillaume Denoix de Saint Marc, Porte-parole et directeur général de l’AfVT
... Ce jour-là, mon père Jean-Henri faisait partie des 170 passagers et membres d’équipage du DC10 d’UTA, vol UT772, qui a explosé au-dessus du désert du Ténéré.
Après une longue et douloureuse reconstruction personnelle, se sont ensuivies pour moi et les familles endeuillées vingt années de combat en faveur de la justice et de la reconnaissance officielle de notre condition.
10 ans après l’attentat, l’enquête et le procès par contumace ont désigné la Libye et ses services secrets comme commanditaire et exécutant matériel de l’attentat.
En février 2002, au cours de la visite d’une délégation libyenne à Paris, je saisis l’occasion d’interpeller directement l’un des fils du Colonel Kadhafi.
Cette initiative me permet d’entamer d’improbables négociations directes entre les victimes de l’attentat du DC10 et l’état libyen, apparemment résolu à tourner la page de son passé terroriste.
Au terme de deux années d’incroyables pressions médiatiques, diplomatiques et économiques, nous finissons par obtenir gain de cause : la Libye reconnaît enfin sa responsabilité de manière officielle et accepte d’indemniser équitablement les familles de 170 victimes qui comptent au total 19 nationalités.
Après cette première victoire, une nouvelle épreuve se présente.
Au sein de la Fondation du DC10 d’UTA, créée pour l’occasion, nous devons procéder à la répartition des indemnités auprès de 1600 ayant-droits répartis dans le monde entier. Cette aventure, à la fois humaine et technique, fut très difficile mais aussi passionnante à vivre.
Il faudra six années pour en venir à bout.
Notre action a permis d’édifier un mémorial au milieu du désert du Ténéré, près des morceaux épars de l’épave de l’avion.
Visible du ciel et sur les photos satellite, ce mémorial a été construit dans des conditions extrêmes, la ville la plus proche se situant à pas moins de 650 km du site ! Il témoigne pour l’éternité du drame qui s’est déroulé dans cette portion de désert.
Après ces actions, je serai sollicité par le réseau européen des victimes du terrorisme pour relater notre expérience et pousser les victimes européennes d’autres attentats à se mobiliser.
Je pensais que mon combat pour la justice et la mémoire des victimes du terrorisme allait toucher à sa fin lorsque deux événements se sont produits : l’association SOS Attentats annonce sa dissolution tandis que le 22 février 2009, un attentat vise un groupe d’adolescents français au Caire. Cécile Vannier, 17 ans, y trouve la mort.
La création d’une nouvelle association française s’est imposée naturellement. J’ai donc décidé de relever ce nouveau défi et de créer l’Association française des Victimes du Terrorisme (AfVT.org). J’avais en tête le modèle d’une structure pérenne, efficace et en prise directe avec la société, pour porter assistance aux victimes et contribuer à l’abolition du terrorisme, dans le respect des droits de l’Homme et du droit international.