- English
- Français
A la frontière de la Judée, surveillant le « Pleshet », le territoire des Philistins, cette population ne mange ni porc, ni chien; elle connait une écriture proto-cananéenne, où certains experts retrouvent l’hébreu plutôt que le cananéen, le texte parle de la protection de la veuve et de l'étranger. Difficile de penser que les auteurs ne sont pas des Judéens. Or, la mesure au carbone 14 des noyaux d’olive mêlés au fragment de poterie écrit fait de celui-ci, et d’assez loin, le plus vieux texte hébreu connu, du Xe siècle avant notre ère. Cette époque est la « terra incognita » de l’archéologie en Israël, et du fait de l’absence de document, la majorité des professionnels de la génération « post Yadin », tels Israël Finkelstein, réfutent l’idée d’un royaume unifié davidique, encore moins d’une empire étendu salomonien et estiment que la Judée n’était qu’une petite province tribale, qui ne prendrait vraiment son essor qu’à l’époque plus tardive (VIIe siècle) après que le royaume bien plus puissant d’Israël, eut été détruit par les Assyriens. Les excavations de Khirbet Qeiyafa conduisent à réévaluer la puissance du royaume de Judée à date ancienne: il n’y a guère de scribes dans les tribus pastorales……
Bien sûr ce débat entre spécialistes ne s’arrêtera pas là; il est âpre et il n’est pas question de le détailler. Chacun comprend qu’il touche à la validité d’un récit national apporté par des textes bibliques dont la mise en cause fait grincer bien des dents. Mais ce débat scientifique sans tabou est nécessaire. Il est à l’honneur d'Israël et n’a rien à voir, comme l’écrit Finkelstein, avec le fait que l’on se sente plus ou moins patriote israélien. Le judaisme en a vu d’autres et a su se revitaliser par l’interprétation textuelle.
Les plus iconoclastes des archéologues ne courent guère de danger à exprimer leurs opinions, quelque colère qu’elles provoquent chez certains lecteurs littéralistes de la Bible.
En serait-il de même dans le monde arabo-musulman avec un débat scientifique et ouvert visant à confronter les textes coraniques à l’historicité de leur contexte? Poser la question, c’est malheureusement y répondre, au désespoir de bien d'intellectuels musulmans, victimes collatérales du rouleau abrutisseur et sournois de l’antiislamophobisme.
Celui-ci est soutenu par tant d’idiots utiles que les exemples abondent. Peut être accusé d'islamophobie quiconque considère que ce qui est arrivé aux Palestiniens n’a pas été le plus grand crime de l’histoire. Pour éviter l’étiquette infamante, il faut vitupérer les sionistes. Ceux-ci sont d’ailleurs très plastiques: en s’y prenant bien, on peut les accuser de bien des méfaits ou malheurs où ils n’apparaissent pas en première évidence (les sionistes et les tsunamis, le 11 septembre, le Bataclan….). Mais si on ne trouve pas le moyen de les accuser, au moins faut-il éviter de parler des Juifs ou d’Israël, il faut les effacer de la mémoire. Signalons donc cet admirable journaliste de la BBC qui présente la guerre que les Romains ont menée en 70. Elle a eu lieu contre les habitants d'un pays qu’il nomme " la Palestine "(terme anachronique avant la révolte de 132) sans signaler ce détail insignifiant que les habitants de « ce pays » étaient …….Juifs. Flavius Josèphe s’en retourne dans sa tombe…
Richard Prasquier