- English
- Français
l’histoire montre que le combat n’est jamais perdu à condition de le mener sans relâche
La liste est longue. L’écoute est intenable, à la lecture des noms d’enfants déportés en ce mois d’août 1942. Partis du camp des Milles, pour un voyage sans retour à Auschwitz, le plus jeune avait un an, les élèves du lycée Cézanne et des écoles des Milles ont rendu hommage à Hélène, 13 ans, Nathan 14 ans, Rachelle, Alfred... ils avaient leur âge.
La commémoration organisée hier pour la Journée internationale de la Shoah est une belle réussite de ce mémorial du camp des Milles, inauguré au mois de septembre dernier. La soif de comprendre et d’apprendre est telle que depuis les listes d’attente de visites d’écoliers s’allongent. Ce qui prouve ô combien le travail de pédagogie est attendu et utile.
« En tant qu’ancienne déportée, il m’a toujours paru essentiel de transmettre aux jeunes générations, par le jeu de témoignages et de pédagogie, l’histoire de la Shoah, afin qu’ils comprennent les éventuelles dérives de toutes sortes de discriminations ou d’extrémismes. » Le message de Simone Veil, qui sera lu par Robert Mizrahi, du comité Yad Vashem, décrit l’importance de conserver sans faillir la flamme du souvenir.
La violence conduit à la haine
L’ancienne fabrique de briques détournée en camp de transit renferme une mémoire collective, pour « se répéter à l’infini de vos mémoires », dira le maire d’Aix-en-Provence Maryse Joissains-Masini, dont la collectivité, aux côtés de grandes institutions comme la Région et le Département, a participé à la réalisation du mémorial. De nombreux officiels et élus avaient tenu à partager ce moment d’émotion. Le préfet Hugues Parant a rappelé combien la violence pouvait conduire à la haine. « Se souvenir pour vivre ensemble. Parce que la barbarie peut envahir sournoisement une nation ».
Lieu de mémoire, le camp des Milles est aussi un lieu de vie. Inauguré hier, l’auditorium a accueilli sa première mise en scène sur une œuvre d’Albert Cohen, Oh vous frères humains. Ce texte traite d’un des problèmes essentiels de nos sociétés modernes : celui du refus de l’autre, celui du racisme et de l’antisémitisme.
En maître de cérémonie, Alain Chouraqui, président de la fondation du Camp des Milles, a rappelé que « l’antisémitisme comme le racisme est l’affaire de chacun ». Dans son discours, il a aussi beaucoup insisté sur cet antisémitisme qui a « toujours été un révélateur des problèmes sociétaux, aujourd’hui des extrémismes, et du terrorisme, des problèmes d’intégration, des injustices sociales. C’est aussi un baromètre, un avertisseur d’incendie ».
S’impose à tout un chacun un combat dans la durée pour l’éducation. Car, comme l’a si bien dit Alain Chouraqui, l’histoire montre que « le combat n’est jamais perdu, à condition de le mener sans relâche ».
À lire aussi, dans la Provence : Aix : la Shoah commémorée avec recueillement au Mémorial
Source : la Marseillaise