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Dès les premières images d'Ida, le nouveau film de Pawel Pawlikowski, on pense à ces phrases de Jean-Marie Le Clézio, extraites de L'Extase matérielle (Gallimard, 1967) : « La grande beauté religieuse, c'est d'avoir accordé à chacun de nous une âme. N'importe la personne qui la porte en elle, n'importe sa conduite morale, son intelligence, sa sensibilité. Elle peut être laide, belle, riche ou pauvre, sainte ou païenne. Ça ne fait rien. Elle a une âme. Étrange présence cachée, ombre mystérieuse qui est coulée dans le corps, qui vit derrière le visage et les yeux, et qu'on ne voit pas. Ombre de respect, signe de reconnaissance de l'espèce humaine, signe de Dieu dans chaque corps. »
Ce jour-là, ce qu'avait à apprendre Ida avant de prononcer ses vœux allait bouleverser sa vie. « Tu es une nonne juive » : sa tante, Wanda, la seule famille qui restait à Ida en ce bas monde, n'y alla pas par quatre chemins. « Tu es juive. » Comme un fouet qui claque, un verdict qui tombe, pas un mot, pas un mouvement. Juste le temps qu'il faut pour encaisser. Et comprendre. Nonne et juive. Juive et nonne. Ida Lebenstein. Originaire de Lublin. De parents morts dans des conditions atroces, exécutés par un fermier polonais. Et elle, sa tante, d'apparence si sympathique, qui est-elle ? Wanda la rouge, cette procureure stalinienne qui envoya tant et tant de Polonais à la potence ?... Lire la suite.