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Un jour, Juliette est témoin d’une violente altercation entre les deux élèves. Ce jour là, leur querelle électrise la classe. La professeure d’histoire avait préparé avec un soin particulier son cours d’histoire qui portait sur les Hébreux. Le cours dérape lorsque Juliette précise que c’est dans la Bible qu’il est question d’Abraham, l’ancêtre des Hébreux.
Sami intervient, criant : « C’est pas vrai m’dame, il est l’ancêtre des Arabes ! D’ailleurs, il s’appelle Ibrahim ».
Samy lui répond sur le champ : « Hé ! quoi ! Tu voles aussi les ancêtres maintenant ! »
Toute la classe éclate de rire.
Sami, fâché, réplique : « Voleur toi-même ! Si seulement je te disais ce que je pense… »
- « Vas-y, si t’as du cran ! »
- « Le voleur de pays, c’est bien toi et les tiens. Hitler lui, il savait y faire avec ta race. »
Samy s’apprête alors à lui bondir dessus. Les élèves sont tétanisés.
C’est ainsi que débute ce livre. Les deux auteurs, dont l’une (Mehrézia Labidi-Maïza) est traductrice et déléguée de parents d’élèves et l’autre (Laurent Klein) est directeur d’école élémentaire publique, ont choisi d’aborder cette thématique à travers une fiction. Et dans cette fiction évolue Juliette. La professeure n’est pas indifférente, loin s’en faut. Elle est même choquée. Elle ne veut pas pour autant révolutionner le monde. Elle pense juste qu’elle doit apaiser les tensions qui peuvent exister dans sa classe. Et c’est ainsi que Juliette fait appel à deux intervenants extérieurs, Aziza et Raphaël, pour engager une réflexion avec sa classe. Et c’est cette réflexion prononcée, ce questionnement, cette quête que nous suivons pas à pas. Les thèmes de la croyance, de la place de l’Homme, de la famille sont ainsi abordés à la lumière des références religieuses ou culturelles des uns et des autres. Et ce que nous suivons est exactement ce que nous espérerions en pareil cas : un échange, un questionnement, des élèves qui puisent et apprennent de l’autre.
Autant le dire, nous avons donc aimé ce livre, parce qu’il démontre des choses simples. En premier lieu, il est possible de s’investir et de ne point désespérer. En second lieu, il faut se battre pour que les situations les plus inextricables puissent être contournées et vaincues. Et finalement, il est toujours possible d’espérer et de croire que l’intolérance et l’ignorance peuvent être vaincues.
Marc Knobel
Mehrézia Labidi-Maïza et Laurent Klein, Abraham, réveille-toi. Ils sont devenus fous, Les Editions de l’Atelier, Paris 2004, 135 pages, 16 euros.