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Publié le 10 Décembre 2010

Asher le devin et autres contes de Fès, par Ami Bouganim (*)

Ami Bouganim est décidément un auteur aussi prolifique que divers (1). Il est aussi bien capable de nous offrir des monographies très intéressantes que des récits folkloriques ou des portraits édifiants (2). Depuis la parution de ses Récits du Mellah (3), il s’inscrit résolument dans la lignée des témoins d’un temps hélas disparu, celui du petit monde tout à la fois exotique et tendre du judaïsme marocain. Son nouvel ouvrage, dans l’esprit des précédents, nous transporte au Maroc, le pays de son enfance où vivait, il n’y a pas si longtemps, une importante communauté juive, aujourd’hui installée, pour l’essentiel, en Israël, en France et au Canada.




Ami Bouganim, dans une écriture colorée, nous présente Élie l’increvable, un très vieil homme qui habitait l’une des dernières cahutes de Nowawel dans le mellah de Fès et qui se lamentait de n’avoir pas d’enfant qui lirait le kaddish sur sa tombe. Sans compter que la société mortuaire locale, très sourcilleuse quant à la lignée de ses membres, ne voulait pas de lui en son sein. Dans ces conditions, autant se préparer à mourir. Mais Élie s’avère véritablement increvable au grand dam de son entourage. Cela nous vaut des situations cocasses et savoureuses. Voici aussi Bouskila l’escroc, Asher le devin, les deux sœurs jumelles qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau et qu’on cherche à marier à deux jumeaux, ce qui n’est pas, on le découvre rapidement, une mince affaire. Ami Bouganim nous parle aussi de Sol el-Fassia, drôle de délurée particulièrement débrouillarde, de la « Maison du plaisir » et du « Maître de l’Alliance » et, en bouquet final, de la très sainte et vénérée Sol Hatchuel, de Tanger, qui refusa de se convertir à l’islam et fut décapitée.



Original et décapant.



Jean-Pierre Allali



(*) Éditions Albin Michel. Mai 2010. 240 pages. 17 euros
(1) Il nous a proposé avec bonheur, l’an dernier, une magnifique présentation de Tel-Aviv : Tel-Aviv sans répit. Éditions Autrement. Février 2009. Voir notre recension dans la Newsletter du 26-10-2009.
(2) Il nous a offert, au cours des ans et pour notre plus grand plaisir les portraits commentés de Walter Benjamin ( Voir notre recension dans la Newsletter du 02-01-2008), d’H. Cohen, d’A.D. Gordon, de Theodor Herzl, de Yeshayahou Leibowitz, de Maïmonide, de Franz Rosenzweig et de J. Soloveitchik.
(3) Éditions Jean-Claude Lattès, 1981.