On a dit et redit que Tsahal est l’une des armées les plus performantes de la planète. Hélas, à l’instar des dirigeants politiques successifs du pays, le bât blesse quant à l’information, ce qu’en hébreu on désigne sous le vocable de Hasbara. C’est ce défaut de communication qui fait que des hurluberlus agissant sous couvert de l’association Chovrim Chtika ont effectué il y a quelques mois une tournée en Europe afin de recueillir des fonds destinés à recueillir et diffuser des témoignages de soldats israéliens mettant en cause Tsahal. C’est ce défaut de communication qui fait que d’aucuns accordent un certain crédit à des élucubrations d’un journaliste suédois affirmant que Tsahal dépèce des morts palestiniens en vue d’un trafic d’organes. Et c’est encore ce défaut qui fait que la télévision nationale turque TRT1 a diffusé, ces temps derniers, à une heure de grande écoute, la série Ayrilik (Séparation) où l’on voit des soldats de Tsahal tirer froidement sur des enfants sans défense.
Voilà pourquoi l’œuvre de Gilles Rivet est salutaire. Car elle nous montre Tsahal au quotidien avec ses jeunes soldats, ses garçons et ses filles au visage tout à la fois souriant et décidé.
Voici la brigade Kfir, unité spéciale chargée d’assurer la sécurité aux abords des territoires palestiniens, voici, barbus, harassés au retour d’un entraînement ou d’une mission, les valeureux membres de la prestigieuse brigade Golani, voici de jeunes soldates originaires d’Éthiopie, cheveux au vent et mitraillette au poing. Voici de jeunes recrues, parfois des « gamines » d’à peine dix-huit ans, s’exerçant à la conduite du fameux char Merkava. Voici, sereine, belle avec un regard farouche mais profondément humain, une femme du régiment Karakal, lors d’un exercice de nuit. Et cette jolie parachutiste qui n’a pas oublié de se passer un rouge à lèvres avant son saut d’entraînement, cette infirmière cheveux aux vents, ce rabbin-soldat priant pour l’équipage d’un Merkava sur le départ, ces soldats barbus et à la longue chevelure d’une unité religieuse, ces pilotes de chasse, ces escadrilles d’hélicoptères, Cobra, Apache ou Supercopter…Armés, déterminés, ces jeunes gens et ses jeunes filles, qui gardent toujours leur arme auprès d’eux, même lorsqu’une pause permet de prendre du soleil en bord de mer ou de déguster un café dans une halte du désert, n’en demeurent pas moins décontractés, avec un côté cool, nous dit l’auteur photographe qui excelle dans l’art de saisir l’instant : les uns portent kippa, d’autres non, les uns sont barbus, d’autres parfaitement glabres. Ici des casques, là des bérets, des masques à gaz ou des tenues de camouflage. L’auteur rappelle qu’il n’y a aucun sexisme dans cette armée du peuple d’Israël. La seule valeur retenue a pour nom la compétence.
La première Guerre du Golfe en 1991 a laissé des traces. On se souvient des missiles Scuds envoyés sans vergogne sur Israël. Depuis, plusieurs unités de lutte contre les dangers nucléaire, biologique et chimique ont été constituées (NBC). Gilles Rivet nous les montre en action, notamment lors d’exercices de simulation.
Et, toujours, flottant au vent, le drapeau bleu-blanc aux couleurs d’Israël.
Un texte historique et de présentation précède cet album photographique de qualité. Superbe.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions E.T.A.I. Texte et photographies de Gilles Rivet. 2ème semestre 2008. 146 pages grand format. 29,95 euros