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Publié le 10 Juillet 2009

Avant que la Shoah soit oubliée

Le phénomène que les Américains nomment "Holocaust fatigue" (la lassitude d'entendre parler de la Shoah), combiné à l'injuste discrédit des ouvrages collectifs, aurait bien pu faire rater ce livre important. Or, celui-ci pose une question de fond : qu'adviendra-t-il de la mémoire du génocide quand nos yeux, ou ceux de nos enfants, seront secs ?




Andréa Lauterwein, spécialiste du poète Paul Celan et de l'artiste contemporain Anselm Kiefer, qui publie dans ce volume deux essais subtils, résume l'ambition du projet : élaborer des "paradigmes pour une éthique de la fiction sur la Shoah". Avec la collaboration de Colette Strauss-Hiva, enseignante au lycée Jacques-Decour ainsi qu'à Sciences Po, et d'une vingtaine de chercheurs - pour la plupart germanistes -, le recueil affronte l'ambivalence du phénomène : certes, on range spontanément le rire dans la catégorie de la résistance ; mais c'est négliger qu'il sert aussi à la "destruction symbolique" de l'ennemi. Qu'un des porteurs de la parole antisémite, dans la France actuelle, soit aussi un ex-professionnel de l'humour, n'est pas la moindre illustration de cette ambiguïté…
« Rire, Mémoire, Shoah » sous la direction d'Andréa Lauterwein et Colette Strauss-Hiva. Ed. de l'Eclat, "Bibliothèque des fondations", 400 p., 32 €.



Photo : D.R.



Source : Le Monde (Nicolas Weill)