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Publié le 5 Juillet 2011

Avignon Off 2011 : «Horovitz (mis) en pièces», sept nouvelles pièces courtes d’Israël Horovitz, Compagnie des Aléas

Invitation au voyage à travers l’univers d’Israel Horovitz? Exercice de style pour la troupe? 7 pièces, 8 comédiens et 33 personnages nous entrainent, en moins d‘1H30, dans un grand écart surprenant entre la comédie de moeurs et la tragédie moderne. Monologue, huis clos, duel, flashbacks, arrêts sur image… mais aussi de la danse, de la musique, du chant, des claquettes et du sport se succèdent dans un rythme endiablé. Chaque pièce révèle le ton incisif de l’auteur et illustre parfaitement le caractère unique de son écriture: les mots nous parviennent directement, parfois avec violence, mais toujours avec humour, pour nous offrir une matière théâtrale pure et vive, un propos résolument moderne! Après le succès remporté par « Le Premier » au « Off » en 2008, Israel Horovitz a confié aux Aléas la traduction et l’adaptation de ses nouvelles pièces courtes inédites en France.



Les pièces :
Danse Nuptiale (Bridal Dance)
Le bal d’un mariage dans la banlieue de New-York. Quatre couples dansent et discutent mais quand le temps s’arrête, les personnages tombent le masque, et nous révèlent leurs secrets.
L’amour à Temps (Affection in Time)
Une jeune femme s’adresse directement au public et se fait la voix d’Israel Horovitz pour partager une pensée sur le monde et sur les hommes.
(Po)Potin (Speaking of Tushy)
Dans le bar d’un hôtel de New-York, deux inconnus noient leur chagrin dans l’alcool et se confient l’un à l’autre. Leurs déboires amoureux se ressemblent étrangement...
Beyrouth ça Tue (Beirut Rocks)
Beyrouth, été 2006. Dans une chambre d’hôtel, quatre étudiants américains privilégiés sont sur le point d’être évacués. Alors qu’à l’exterieur la guerre fait rage, la tension monte, la paranoïa s’installe, et laisse place à un huis-clos étouffant.
L’audition (The Audition Play)
Une mère de famille déterminée à réaliser son rêve de devenir danseuse de claquettes tente désespérément de convaincre un metteur en scène de l’engager. C’est l’audition de la dernière chance.
Au Pied du Mur (What Strong Fences Make)
Un poste frontière aux portes de Ramallah. Un jeune soldat israélien monte la garde, et guette l'ennemi. Une vieille connaissance croise son chemin, et le danger surgit là où on ne l’attendait pas.
Second Violon (Second Violin)
Une violoniste co-pupitre doit remplacer au pied levé la soliste et se prépare dans sa loge. L’angoisse de la fausse note monte et semble inévitable.
Histoire de Courir (The Race Play)
Huit coureurs professionnels participent à une course de charité. Chaque personnage court sur scène au rythme de son histoire. La compétition fait rage et la victoire prend un tournant inattendu.
Note de mise en scène :
« Lorsqu’on demande à Israël pourquoi il a écrit principalement des pièces courtes ces dix dernières années, il répond tout simplement, avec le pragmatisme anglo-saxon qu’on lui connaît, que dans la dernière décennie, il a fait face à la maladie de son épouse, atteinte d’un cancer, et que le chaos de son quotidien, ne lui permettait pas d’écrire de « longues pièces ». Mais lorsque qu’on regarde de plus près son oeuvre récente, on s’aperçoit qu’elle transporte une pensée tendre et optimiste, qui pourrait en surprendre plus d’un de la part d’un auteur qui écrit dans de pareilles circonstances. Et si Israël s’est vu contraint de réduire ses pièces à des formats courts, celles-ci n’en n’ont pas souffert ; au contraire, elles n’en sont que plus denses et plus percutantes, car c’est bien là que réside le génie du théâtre d’Israël Horovitz : dans sa simplicité et son efficacité.
L’idée du spectacle Horovitz (mis) en pièces est née d’une envie de « plus d’Horovitz ». En effet, ce n’est pas un hasard si ces pièces courtes m’ont emballées dès la première lecture, lorsqu’Israël me les confie. Nous étions alors à Avignon, en plein Festival Off de 2008, et Le Premier remportait un succès tous les soirs au Théâtre de L’Albatros. Je retrouve dans ces pièces tout ce qui m’avait séduite et éblouie dans Le Premier : cette matière théâtrale pure et vive dont parle Claude Roy (1). Ces personnages quotidiens de chair et de sang, terriblement humains, qui semblent subir la fatalité de leur existence, et nous renvoient à une réalité presque palpable. Cette écriture incisive, qui nous fait sans cesse passer du rire aux larmes, cette sensibilité de tendre voyou américain (2) qui pose un regard à la fois tendre et cruel sur les hommes. On retrouve dans ces huit pièces courtes que forme Horovitz (mis) en pièces, le talent unique d’Israël à nous raconter des histoires en nous disant à la fois tout, et rien. C’est là toute la force du théâtre horovitzien : un théâtre qui pose des questions, sans jamais vraiment y répondre, (où alors par davantage de questions), et laisse toujours l’esprit du spectateur chargé de réflexions lorsque celui-ci quitte le théâtre. N’est-ce pas là la fonction même du Théâtre, de nous faire nous interroger sur nous-mêmes, et les mystères de notre nature profonde ?
Quarante ans après Le Premier, la plume d’Israël est toujours aussi tranchante et précise que le scalpel, avec laquelle l’auteur dissèque avec talent l’âme humaine. Comme à son habitude, il nous parle de son monde, de notre monde, qui a bien changé depuis le New-York des années soixante, époque de ses premières pièces. Si certains thèmes lui restent chers, d’autres, nouveaux, apportent une autre lumière sur des sujets sensibles de notre époque. Le format court des pièces (bien qu’Israël ait toujours été un adepte des formes courtes, Le Premier, pièce en un acte, étant elle-même répertoriée « pièce courte »), s’adapte au spectateur d’aujourd’hui : celui-ci est immédiatement projeté dans l’action, grâce à une écriture dramatique qui va droit au but, et le place en position de voyeur. »
Léa Marie-Saint Germain
(1) Préface du traducteur et adaptateur du Premier, publiée aux Editions Théâtrales.
(2) Introduction au Premier, par Eugène Ionesco.
La Compagnie des Aléas
La compagnie des Aléas s’est formée en Mars 2008, à l’initiative de six comédiens issus de la classe « Acting in English » du Cours Florent. A travers cette association, leur objectif était clair : promouvoir la création américaine contemporaine, à Paris et en province, et cela avec le répertoire et l’appui inconditionnel du dramaturge new-yorkais Israël Horovitz. La compagnie compte aujourd’hui dans son équipe artistique 8 comédiens et un metteur en scène qui ont entre 23 et 28 ans. Tous ont été formés dans la prestigieuse école d’art dramatique parisienne : le Cours Florent. Par ailleurs, l’association peut compter sur un bureau administratif investi, constitué de membres bénévoles poursuivant des études supérieures dans l’ingénierie, le commerce et l’enseignement. La compagnie des Aléas s’attache aux oeuvres d’Israël Horovitz. Ainsi elle compte aujourd’hui dans son répertoire 9 pièces de l’auteur dont 8 inédites. A travers différentes peintures sociales, l’œuvre d’Horovitz aborde des thèmes variés plus ou moins dramatiques, mais toujours avec l’humour et la finesse qu’on lui connait.
«Horovitz (mis) en pièces»
Sept nouvelles pièces courtes d’Israël Horovitz
Traduction et adaptation
Compagnie des Aléas
Mise en scène
Léa Marie-Saint Germain
Avec: Pierre-Edouard Bellanca, Nathalie Bernas, Mathilde Bourbin, Laura Chétrit, Aurélien Gouas, Pierre Khorsand, Léa Marie-Saint Germain, Arnaud Perron.
Théâtre du Bourg Neuf
5 bis, rue du Bourg-neuf
84000 Avignon
Salle Rouge
Du 8 au 31 juillet
Tarif : 15€
Tarif carte OFF : 10€
Téléphone réservation
+33 (0)4 90 85 17 90
Photo : D.R.