E. Ionesco
La pièce :
Dans un atelier de recyclage de papiers, Georges et Bobby, forçats des temps modernes, vident leurs bières en se remémorant le bon temps passé. Ils attendent Betty, amie de jeunesse, revenue dans cette bourgade reculée après treize ans d’absence. Elle a changé, elle a réussi. Ces retrouvailles teintées de sarcasmes, de tendresse faussement romantique, de jeux puérils et absurdes laissent percevoir un terrible drame passé sous silence que les années n’ont pas effacé. L’héroïne vengeresse tisse la toile d’un macabre scénario, nous rappelant que l’arme des humiliés reste la vengeance. Et le pire c’est que l’on en rit.
Le mot du metteur en scène :
« Ce qui frappe, dès le premier acte, c’est la violence verbale et physique utilisée par les deux personnages masculins : la violence banalisée a envahi leur façon de parler, de penser. Elle régit leur relation à l’autre : triste résultante de cette misère intellectuelle et sociale où sont plongés Robert Bailey et Georges Ferguson. Leur vie est rythmée par leur travail éreintant : des petits boulots manuels qu’ils cumulent pour des salaires de misère. En dehors du viol collectif, qui les liera à jamais, c’est cette misère et cette violence qui marquent le fossé entre les deux hommes et Betty Palumbo. Elle a quitté la ville, elle a fait des études, elle a réussi. C’est la rencontre entre ces deux mondes qui prend forme sur le plateau et ce sont ces deux mondes qui s’affrontent autour du souvenir de la tournante. Lorsque j’ai découvert cette pièce, ce qui m’a interpellée, c’est cet attachement quasi immédiat que j’ai ressenti pour Robert Bailey et Georges Ferguson. Georges « la Crevette » sans cesse humilié verbalement et physiquement par Robert (et par beaucoup d’autres, comme on le découvre dans la pièce), m’a touchée par son apparente fragilité, son irrésistible crédulité et ses airs d’adolescent attardé. Et pourtant…pourtant, il est l’initiateur du viol collectif. Bobby « le Bélier », le violent, le « dominant » qui n’a peur de rien ni de personne, finit par faire tomber ce bloc de violence dont il a su s’entourer pour déclarer ses sentiments à Betty et lui demander pardon. Betty Palumbo, la victime, laisse percevoir tout son machiavélisme que la douleur et l’humiliation ont forgé tout au long de ces treize années d’absence. Implacable et décidée, elle tisse la toile de sa vengeance, laissant apparaître au fil des pages sa monstruosité. » Sylvia Bruyant
«Le baiser de la Veuve », d’Israël Horovitz
Compagnie Cavalcade
Mise en scène : Sylvia Bruyant
Comédiens : Stéphane Benazet, Sylvia, Bruyant, Delry Guyon
Théâtre de l'Isle 80
18, place des Trois Pilats
84000 Avignon
Du 8 au 31 juillet
Tarif : 16€
Tarif carte OFF : 11€
Tarif enfant : 11€
Téléphone réservations
+33 (0)4 88 07 91 68
Photo : D.R.