Une partie de ce système répressif, largement méconnu, est passée au crible à travers l'histoire d'un homme : Gerhard Kuhn. Ce Juif allemand, expulsé d’Allemagne en 1940, qui durant ses cinq années d’internement et de déportation, dont deux sur notre territoire, a séjourné dans les différents camps mis en place par le gouvernement de Vichy : Gurs, Rivesaltes, Groupement de travailleurs étrangers de Saint-Privat (133e GTE), Fort Barraux, Vénissieux, Drancy puis Auschwitz. En suivant le parcours tragique de Gerhard Kuhn, le photographe Guillaume Ribot traite l’Histoire à travers une histoire. Un destin aussi inhumain qu’exceptionnel jalonné par son passage dans un nombre inhabituel de camps d’internement.
L'histoire universelle est ramenée à celle d'un homme au travers des documents nominatifs concernant Gerhard Kuhn.
Soixante ans plus tard, le photographe Guillaume Ribot nous questionne sur l'effacement des traces des lieux de mémoire en proposant des images contemporaines de chacun de ces lieux.
La photographie de Guillaume Ribot est belle, autant que puissent l’être ces ruines, ces piliers ne supportant plus rien, ces cheminées dégorgeant de leurs propres briques. Ces photographies nous émeuvent, car les ruines évoquent l’absence, le manque, le vide, l’abandon, la désertion.
Ces images frappent, font mal, mais Guillaume Ribot ne juge pas. Il se contente de donner à voir et à comprendre. Il établit le constat froid, de la mémoire des lieux - ou de leur non lieu - leur amnésie.
La reproduction de documents administratifs originaux démontre implacablement l'implication du gouvernement de Vichy. L’historien Tal Bruttmann, spécialiste de cette période, présente chacune de ces structures les replaçant dans le contexte historique de manière scientifique.
Ce magnifique et magistral ouvrage est préfacé par Denis Peschanski, Directeur de recherche au CNRS (Centre d'histoire sociale du XXe siècle, Paris-1) qui rend hommage à son auteur « qui sait si bien mettre en musique ce que nous spécialiste, appelons la micro-histoire ».
Un bel ouvrage de 285 pages qui suscite un grand engouement des historiens mais aussi de ceux qui luttent contre l’effacement des lieux de mémoire.
Edwige Elkaim
Ce projet a pu être mené à terme grâce à l'appui de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, le Ministère de la Défense, l'association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, délégation de l'Isère (AFMD 38) et le Conseil Général de l'Isère. Ce livre s'inscrit dans le cadre de l'étude engagée par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) sur l'internement en France entre 1938 et 1945.