Dans « Chaque Maison a besoin d’un balcon », son roman, largement autobiographique, qui s’est vendu à 100 000 exemplaires en Israël, Rina Frank nous plonge avec nostalgie dans les souvenirs d’enfance d’une petite fille dont la famille, originaire de Roumaine, est venue s’installer à Wadi Salib. Avec humour et légèreté, on découvre l’intimité d’une famille aimante qui fait face aux difficultés financières connues de beaucoup de nouveaux immigrants. On sourit et on rigole des espiègleries de cette fillette et de sa grande sœur, Yosepha, de leur innocence et de leurs effronteries. Parmi ses souvenirs familiaux, Rina Frank évoque le colis de vêtements envoyé des Etats-Unis, l’occasion d’avoir de nouveaux habits, ce qui est considéré comme une « bénédiction à cette époque où les petits Israéliens avaient à peine de quoi manger » ; ou bien l’eau du bain dans lesquelles se lavent à tour de rôle, les deux sœurs puis leur mère. Enfin cette dernière la recycle (sans la changer) pour la lessive puis pour laver le sol de la chambre… Rina Frank cherche aussi à « raconter le quotidien d'une classe moyenne défavorisée dans un quartier populaire, qui vit avec beaucoup de difficultés et qui aspire au bien-être ». Il s’agit d’une population composée de nouveaux immigrants, venus pour beaucoup de Syrie ou du Liban, les derniers arrivés qui souffrent de la comparaison avec les fondateurs, c’est-à-dire les premiers résidents et qui cherchent une identité sans pour autant masquer leurs origines. « Le balcon est évidemment la métaphore de ces vies solidaires. Le balcon est l'occasion de se montrer, de mélanger les langues, les nécessités, les aspirations », précise l’auteur.
A chaque chapitre, Rina Frank alterne entre un souvenir et l’histoire d’amour de cette fille – racontée avec distance puisqu’elle emploie le pronom sujet « elle » pour parler de son personnage et dont on ne connaîtra le prénom qu’à la fin du roman – devenue une femme et une mère. Tel un conte de fée, elle rencontre « l’homme idéal ». Mais cette vie qui s’annonçait belle s’assombrit peu à peu.
Une histoire pleine de tendresse et d’émotion.
Stéphanie Lebaz
Rina Frank, “Chaque Maison a besoin d’un balcon”, Michel Laffon, Paris, 2008, 236 p. 20€