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C’est une excellente initiative qu’a prise l’association F.F.D.J.F que préside Serge Klarsfeld, d’éditer pour la 4ème fois et dans une version augmentée, les textes des allocutions essentielles touchant au judaïsme, prononcés par Jacques Chirac entre 1986 et 2004.
Le 18 juillet 1986, tout d’abord, au Vél d’Hiv, avec ces propos toujours actuels : « Notre pays, pour conjurer les démons du racisme et de la xénophobie, doit renforcer son identité, se ressourcer aux valeurs communes, se défendre aussi contre les menaces de dilution de ces valeurs et contre les attentes dont elles sont l’objet ».
« La France, rappelait le Premier ministre, maire de Paris, est la terre des droits de l’Homme. Qu’un crime tel que celui que nous évoquons aujourd’hui ait été commis sur son sol, avec la complicité de certains de nos concitoyens, est une injure faite à notre histoire et à notre génie ». Et, en conclusion : « Oui, c’est quand la France est forte, sûre des valeurs de libertés et de solidarité qu’elle défend, qu’elle peut être accueillante et fraternelle ».
Le 13 novembre 1987, c’est le Premier ministre qui s’exprime au Mémorial de la Déportation des Juifs de France à Roglit, en Israël, en présence du Premier ministre israélien, Itzhak Shamir : « Non, jamais nous n’oublierons les sacrifices de tant d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont morts pour la seule raison qu’ils étaient juifs ».
C’est en tant que Président de la République, le 16 juillet 1995, que Jacques Chirac commémore la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942. Son discours est sans ambages avec, en toile de fond, une idée constante : la vérité, même si elle peut faire mal, doit être dite.
Le 29 mai 1996, rejoignant à Guéret,dans la Creuse, les anciens enfants de l’O.S.E. réunis pour une grande rencontre internationale, le Président, conforme à sa vision, répète : « Notre devoir est de ne pas oublier. Notre conscience nous l’interdit ».
Le 2 novembre 1997, Jacques Chirac inaugure la « Clairière des Justes » à Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie. Rappelant qu’il avait, deux ans plus tôt, tenu à reconnaître solennellement la responsabilité de l’État français dans l’arrestation et la déportation de milliers et de milliers de Juifs, le chef de l’État insista sur le rôle des « Justes parmi les nations ».
Le 5 décembre 1997, au Mémorial du Martyr Juif Inconnu, Jacques Chirac répète, inlassablement : « Oui, la France de l’Occupation a existé… Cela doit être dit et reconnu ».
Le 22 mai 2003, au Palais de l’Élysée, c’est le CRIF, qui fête ses 60 ans, qui est à l’honneur. Autour de Roger Cukierman, les anciens présidents du CRIF et ses dirigeants sont venus écouter le Président. Après un rappel des principaux événements qui ont jalonné l’histoire du CRIF, jacques Chirac se veut rassurant : « Aujourd’hui, vous n’êtes plus seuls. Contre l’antisémitisme, la France est avec vous. Car c’est bien la France qui est agressée quand un Juif est agressé sur son sol. Car c’est bien la France qui est insultée quand une synagogue brûle sur son sol. Car c’est bien la France qui est humiliée quand, sur son sol, un enfant juif est obligé de changer de collège pour échapper aux brimades, aux intimidations et aux insultes ». Des paroles fortes et hélas toujours actuelles, dont chacun garde vivace le souvenir.
Le 8 juillet 2004, enfin, au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, Jacques Chirac rappelle l’action méritoire des Justes et redit son horreur de l’antisémitisme.
À ces discours a été joint un complément intéressant. Il s’agit d’une lettre de Jacques Chirac adressée aux familles du capitaine Alfred Dreyfus et d’Émile Zola, missive rendue publique le 8 janvier 1998.
Un document.
Jean-Pierre Allali
* Édité par l’association « Les Fils et Filles des Déportés Juifs de France. Juillet 2004. 80 pages.