Dans la reprise qui mérite d’être signalée, de son ouvrage fondamental (3), Dominique Aubier cherche, avec conviction et en présentant des arguments tout à fait recevables, à établir une corrélation entre le roman de Cervantès (4) et l’hébreu. Pour elle, il ne fait aucun doute que l’ouvrage, désormais grand classique de la littérature espagnole et fleuron du patrimoine culturel mondial, est structuré selon un plan précis qui épouse la fameuse représentation kabbalistique des sephirot.
Tout cela peut sembler incroyable, inouï, mais à la lecture des pièces rapportées par la défenderesse de cette thèse au tribunal de la vérité, on reste subjugué. Est-on en présence d’une découverte scientifique sensationnelle ? Tout porte à le croire.
Tout au long des pages, Dominique Aubier multiplie les exemples. Pourquoi, par exemple, la marmite de l’hidalgo, ne contient-elle que du bœuf et du mouton, alors que la viande de porc est la plus consommée en Espagne ? « Que le couvercle d’une telle marmite fût soulevé par quelque familier de l’Inquisition et l’hidalgo eût été passible d’une dénonciation ». Et si, la nuit, discrètement, l’hidalgo se régale d’un salpicon, le mot est suspect, car le porc n’y est pas mentionné et c’est peut-être de la grive ou du merle. Salpicon, d’ailleurs, saupiquet en français, signifie littéralement « piqué de sel ». Or, fait remarquer Aubier, en espagnol, comme en hébreu, le mot « sel » a un double sens. Il désigne aussi l’esprit, la grâce. On imagine l’auteur, si la théorie d’Aubier est juste, réfléchissant au choix de chaque mot, de chaque situation, de chaque scène, pour camoufler le sens caché sous un abord anodin. Quant au plat du samedi « duelos y quebrantos el sabado », les traducteurs imprudents proposent : « œufs au lard » là où la traduction littérale dit : « deuils et brisures », ce que les Juifs mangent, faute du cochon obligatoire, le samedi.
Par delà ces considérations culinaires qui ne sont que mise en bouche, l’auteur en vient à dresser un parallèle surprenant entre don Quichotte et Ezéchiel.
Et ce nom même, Quichotte, qui se termine par le suffixe « Ote », lequel, en hébreu, renvoie à « signe, marque de secret ». N’est-ce pas troublant ? Et pourquoi, l’hidalgo invoque-t-il constamment le « Dieu vivant », une façon très juive de s’exprimer ?
Ce ne sont là que quelques exemples. Il faut aller au livre même, notamment aux chapitres « La haute voltige des petits signaux », « Le livre du secret » et « Les quatre parties du monde », pour découvrir l’infinie variété des coïncidences troublantes que l’auteur met en évidence en nous invitant à une « lecture zoharique de « don Quichotte ».
Au fait, quand on y pense, de Caballero à Cabbale, la distance lexicographique n’est pas si grande !
Un ouvrage remarquable et précieux. On regrettera toutefois son prix, trop élevé.
Jean-Pierre Allali
(1) Le Figaro du 27 août 1997
(2) Sarah Leibovici. Christophe Colomb Juif. Défense et illustration. Editions Maisonneuve et Larose. 1986
(3) L’édition originale de l’ouvrage, parue chez Robert Laffont, date de 1966.
(4) On ne le sait pas toujours, mais le nom complet de l’auteur est Miguel de Cervantès Saavedra (1547-1616)
L'auteur propose un prix spécial:
33 euros au lieu de 38. L'expédition est prise en charge, quelque soit la destination, France, CEE ou autre. Expédition gratuite pour Israel.
Editions M.L.L La Bouche du Pel
BP 16
27 240 DAMVILLE, France