Julia Jarmon (Kristin Scott-Thomas), quadragénaire américaine et journaliste, a épousé un Français, Bertrand Tézac. Le couple a une petite fille, Zoé (Karina Hin) et, malgré des tentatives renouvelées, n’a pas réussi, jusqu’ici, à avoir un second enfant. Au moment où Julia, contre toute attente, apprend qu’elle est enceinte, ce qui n’est pas du goût de son mari, la famille s’apprête à changer de domicile en occupant un beau logement dans le quartier du Marais, à Paris au 36, rue de Saintonge. C’est là, avant la Guerre, dans ce quartier juif historique, que vivaient des milliers de Juifs dont la plupart disparaîtront en déportation.
Chargée par son magazine, quelque peu en perte de vitesse et qui cherche des sujets chocs pour remonter ses ventes, d’un reportage sur la tragédie des Juifs parisiens pendant la Guerre, notamment sur la rafle du Vél’d’Hiv’. Julia, au fil des jours, va aller de découverte en découverte. On retrouve un peu dans ce récit, l’esprit et le fil conducteur du célèbre roman de Daniel Mendelsohn, « Les disparus ». Julia, très rapidement, est prise dans une spirale dont elle ne peut pas se défaire. Le besoin de savoir, de connaître la vérité, l’emporte sur toute autre considération même si le risque de désintégration de son propre foyer est patent. La famille de son mari, les Tézac, cache en effet un très lourd secret : ce beau logement à Saint-Paul, que Julia, Bertrand et leur petite fille s’apprêtent à rénover était autrefois, celui des Starzynski (Arben Bajraktaraj et Natasha Mashkevich), et de leurs deux enfants, Sarah (Mélusine Mayance) et Michel. Si les Tézac, l’ont occupé, en août 1942, c’est, comme ce fut le cas pour de nombreuses familles à l’époque, en violation du droit des gens. Le père de Bertrand, Édouard Tézac (Michel Duchaussoy) est âgé et fragile. La grand-mère, Mamé (Gisèle Casadesus), encore plus. Pour Bertrand Tézac, il n’est pas question de les interroger car cela pourrait leur être fatal. Julia décide d’enquêter ailleurs. Au Mémorial de la Shoah, elle apprend que si les Starzynski ont bien été assassinés à Auschwitz, leurs enfants, Sarah et Michel n’apparaissent pas dans les listes des victimes. Et si la trace de Michel disparaît très vite pour des raisons terrifiantes qui apparaissent peu à peu et que l’on découvre avec horreur, celle de Sarah peut être remontée. Julia apprend qu’après un séjour au camp de Beaune-la-Rolande, elle a réussi à s’enfuir avec une amie et a été recueillie par des paysans, Jules et Geneviève Dufaure ( Niels Arestrup et Dominique Frot). La quête de Julia va la conduire à New York et en Toscane. La vérité viendra, après bien des rebondissements, du fils de Sarah
( jouée à l’âge adulte par Charlotte Poutrel), car elle a eu un fils, William Rainsfeld (Aidan Quinn). Et lorsque Julia, de retour chez elle, une fois le mystère de la vie de Sarah Starzynski éclairci, accouche d’une petite fille, c’est tout naturellement qu’on la prénommera Sarah.
À voir absolument.
Jean-Pierre Allali
(*) De Gilles Paquet-Brenner. 1h51. Avec Kristin Scott-Thomas, Mélusine Mayance, Niels Arestrup, Frédéric Pierrot, Gisèle Casadesus, Georges Birt, Michel Duchaussoy, Aidan Quinn, Dominique Frot, Karina Hin, Charlotte Poutrel et Arben Bajraktaraj.
Photo : D.R.