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Publié le 16 Juin 2008

Emmanuel Yehouda Moreno : Soldat d’élite d’Israël

Le 19 août 2006, un soir de chabbat, l’un des soldats les plus valeureux de Tsahal est tombé au Liban dans la zone de Ba’albeck. Né en France en 1971, Emmanuel Yehouda Moreno avait suivi ses parents, Alain et Sylvia Moreno, un an plus tard lorsque ceux-ci décidèrent de faire leur alyah. Très tôt, sa vocation militaire et son goût pour les opérations secrètes et délicates allèrent de pair avec sa foi profonde. En 1990, recruté par la Sayeret Matkal, unité d’élite rattachée à l’état-major, Emmanuel Moreno finit par atteindre le grade le plus élevé au sein de cette formation : lieutenant-colonel. Il est, dès lors, de toutes les incursions les plus audacieuses, risquant sa vie au quotidien tout en demeurant modeste, simple, à l’écoute des autres et toujours prêt à rendre service. Le caractère top-secret des activités d’Emmanuel Moreno est tel que longtemps après sa mort, la publication de sa photographie demeurera interdite.


Pour rendre hommage à cet homme de l’ombre prématurément disparu, sa famille a décidé, avec le soutien du CRIF, de publier et de diffuser un ouvrage : « La Chronique de Hanoukka » (*). Le livre se compose de deux parties bien distinctes. La première, hautement symbolique, due à la plume de Haggi Ben-Artsi qui n’est autre que le beau-frère de Bibi Nétanyahu, raconte l’épopée qui a donné naissance à la fête de Hanoukka, la fameuse révolte des Macchabées. En huit chapitres bilingues hébreu-français, les méandres des guerres, des alliances, des trahisons, des victoires et des défaites de l’armée d’Israël, nous permettent de découvrir par le menu le courage et la détermination du prêtre Mattathias et de ses cinq fils : Yohanan surnommé Gaddi, Chimon, surnommé Tasi, Yehouda, surnommé Maccabi, Eléazar, alias Avaran et Yohanan connu sous le nom d’Apéphos. De très belles illustrations agrémentent un texte agréable à lire et, précision particulière, de nombreuses cartes « militaires », permettent d’apprécier les conditions de chacune des grandes batailles livrées aux Grecs, à leurs alliés et aux Juifs renégats.
La deuxième partie, plus intime et aussi plus émouvante bien qu’elle ait tendance à donner dans l’hagiographie, est constituée par un ensemble de témoignages de parents, d’amis, de camarades de régiment qui tous, chacun avec sa sensibilité propre, racontent Emmanuel : Emmanuel le soldat, le croyant, l’ami, le confident, un « Bar Kochba des temps modernes », « Adino HaEtsni », souple comme un ver lorsqu’il étudiait la Thora et dur comme le bois quand il partait faire la guerre.
Un très bel hommage qui devrait être, à la prochaine rentrée scolaire, distribué dans les écoles juives.
Jean-Pierre Allali
(*) Editions Sifriat Beit-El. Jérusalem. Traduction Yossef Attoun. 2007. 128 pages. 14 euros.