A lire, à voir, à écouter
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Publié le 8 Décembre 2010

Fille de Jephté, par Naomi Ragen (*)

Grâce soit rendue à Emmanuelle Alhadef et aux Éditions Yodéa de nous avoir fait découvrir la romancière d’exception qu’est Naomi Ragen. Cette Juive américaine, née à Brooklyn en 1949 au sein d’une famille orthodoxe, s’est installée à Jérusalem avec son mari en 1971. Bien qu’elle soit elle même très religieuse, elle s’est lancée avec courage dans un combat féministe en s’impliquant avec fougue dans les problèmes sociétaux que rencontrent les milieux rigoristes en Israël. Après le somptueux Sotah. Soupçon d’adultère, son deuxième roman paru en 1992, tête des ventes en Israël pendant 92 semaines (1), prix Wizo 2010, les éditions Yodéa nous permettent de lire enfin en français son premier roman, Fille de Jephté.




Tous les thèmes traités dans Sotah sont déjà présents dans Fille de Jephté : les mariages arrangés, la violence conjugale, l’adultère, l’amour vrai…



L’héroïne de ce très beau roman, Batsheva est la fille unique d’Abraham Ha-Lévi, dernier survivant d’une dynastie de rabbins hassidiques dont une grande partie a été décimée par la Shoah. Pour s’assurer une descendance, Abraham Ha-Lévi va forcer sa fille à épouser, contre son gré et ses inclinations-elle adore les jolis vêtements, les romans d’amour et la photographie- un étudiant en Talmud, Isaac Meyer Harshen, certes brillantissime, mais qui se révélera très vite violent et mauvais père. C’est la révolte de Batsheva et son lent cheminement vers la libération et la découverte de la « vraie vie », que nous raconte avec talent Naomi Ragen. À dévorer, toutes affaires cessantes.



Jean-Pierre Allali



(*) Éditions Yodéa. Septembre 2010. Traduit de l’américain par Véronique Perl-Moraitis. 528 pages. 21 euros.
(1) Voir notre recension dans la Newsletter du 04-01-2010.



Photo : D.R.