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Publié le 16 Avril 2010

Gilles Jacob : «Jafar Panahi symbolise la liberté des artistes»

La liste du jury du le Festival de Cannes pourrait être complétée prochainement, si l'un de ces membres potentiels, détenu en Iran, pouvait être relâché avant le 12 mai prochain. Alors que les agences de presse dénoncent l'exclusivité de la couverture de l'évènement par Canal+ et Orange et « boycottent » la journée de présentation - un bien vilain mot décidément bien à la mode - l'évènement cannois pourrait aussi prendre, dans cette bataille commerciale, une tournure politique cette année.




La liste du jury de la compétition officielle a été annoncée jeudi 15 avril 2010. Il sera présidé par Tim Burton. Aux côtés des autres membres tels qu'Alberto Barbera, Kate Beckinsale, Emmanuel Carrère, Benicio Del Toro, Victor Erice, Shekhar Kapur et Giovanna Mezzogiorno, le réalisateur engagé Jafar Panahi, arrêté par les milices du régime des mollahs en mars dernier et incarcéré depuis, sous l’accusation de « préparer un film anti-iranien », a été convié par Gilles Jacob à intégrer ce jury. Et selon le président du festival, il aurait accepté.



Une cinquantaine de réalisateurs iraniens l'avaient immédiatement soutenu et demandé la libération de cet ancien assistant d'Abbas Kiarostami, grand artiste et réalisateur iranien. Jafar Panahi avait déjà été arrêté avec sa famille, alors qu'il participait à une cérémonie de commémoration en la mémoire de la jeune Neda Agha Soltan, tuée lors des manifestations anti-Ahmadinejad de l'été dernier. Il avait été rapidement libéré.



Jafar Panahi est connu pour ses nombreux films, récompensés dans plusieurs festivals étrangers. Primé deux fois à Cannes (« Le Ballon blanc », Prix de la caméra d'or 1995, et « L'Or pourpre », Prix du jury-Un certain regard en 2000), le réalisateur a aussi reçu le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour « Le Cercle » et l'Ours d'argent à la Berlinale en 2006 pour « Hors-jeu » (« Offside »). Son fameux « Le Cercle », qui traite de la condition des femmes dans la république islamique d'Iran et, en 2003, « Sang et Or, un déséquilibre profond du système social », avaient tous deux été interdits par le gouvernement de la République islamique d'Iran.



Alors qu'il avait arboré l'été dernier au Festival de Montréal, la couleur verte, un des signes de ralliement des opposants, sa participation en tant que membre du jury à Cannes apporterait à l'évènement une conscience politique engagée dans la liberté d'expression. Pour Gilles Jacob, président du festival de Cannes, il symbolise la liberté des artistes…



Photo : D.R.



Source : francesoir.fr