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Publié le 15 Mars 2010

Jean Tenenbaum Ferrat s’en est allé

Sans voix depuis la sortie d'un dernier album en 1995, invisible à la télévision depuis un bref passage en 2003, Jean Ferrat était toujours présent dans le cœur des Français. L'émotion suscitée par son décès, samedi 13 mars 2010, est nationale.




« Que c’est beau la vie », chantait-il avec fougue. La vie est un peu moins belle depuis la disparition, samedi, de ce poète tendre, de ce révolté intransigeant, de ce chanteur engagé qu’était Jean Ferrat, mort d’un cancer à 79 ans dans sa chère maison d’Antraigues-sur-Volane, en Ardèche. Ils ne brilleront plus au-dessus de la mer, ces Yeux d’Elsa du magnifique poème d’Aragon qu’il avait mis en musique. Ils nous feront un peu moins frémir, les exaltés « marins, durs à la discipline » du cuirassier Potemkine.



Rien ne disposait pourtant Jean Tenenbaum, né le 26 décembre 1930 à Vaucresson (Hauts-de-Seine), à devenir Jean Ferrat. Son père, juif russe venant d’une ville du Caucase, arrivé en France au début du siècle, exerce le métier d’artisan joaillier. Sa mère, née à Paris, travaille dans une fabrique de fleurs artificielles. Jean est le plus jeune de quatre enfants. Elève au collège Jules-Ferry de Versailles, il est ébloui quand ses parents l’emmènent à l’Opéra-Comique. La musique le fascine. Il mène une enfance tranquille jusqu’au jour où son père rentre à la maison avec des étoiles jaunes à coudre sur ses vêtements. Arrêté, déporté à Auschwitz, son père n’en reviendra pas. Sa mère, le confie à un paysan pour franchir la ligne de démarcation. Il se souviendra toujours du visage tragique de sa mère alors. « On ne guérit pas de son enfance », chantera-t-il plus tard.



En 1962, qualifié chanteur populaire, il recentre alors son image avec Nuit et Brouillard où est évoquée sur une mélodie poignante la déportation. On est en 1963, en pleine réconciliation franco-allemande. Bien que « déconseillée » sur les radios (« Ils étaient vingt et cent/Ils étaient des milliers/Nus et maigres/Tremblants dans ces wagons plombés »), la chanson a obtenu le prix de l’Académie Charles Cros…



Photo : D.R.



Source : francesoir.fr, 20minutes.fr