L’image du chef des Palestiniens, leader incontesté du monde arabe en son temps, Haj Amin al-Husseini, Grand mufti de Jérusalem, aux côtés de son ami et allié, Adolf Hitler, à Berlin, aux heures sombres de la Shoah, est on ne peut plus éloquente. Oui, les Arabes et notamment les Palestiniens portent une part de responsabilité dans les événements terribles qu’a vécus le peuple juif. Plus encore, les théories antisémites pernicieuses du Mufti et de ses sbires ont essaimé à travers le temps et l’espace, inspirant un islamo-nationalisme virulent qui est à l’origine même des visions des Frères musulmans comme de celles du Hamas, du Hezbollah, d’Al-Qaida, de l’Iran d’Ahmadinejad et des talibans afghans. Universitaire allemand, l’auteur, enseignant en science politique à Hambourg, démonte avec minutie et en puisant aux meilleures sources, le cheminement nauséeux de l’islamisme radical pour lequel « tout ce qui est juif est mal et tout ce qui est mal est juif ». Un cheminement qui est à la racine même du terrorisme international qui empoisonne, depuis quelques décennies, la vie des citoyens paisibles de la planète.
Il ne faut pas se tromper de cible, nous dit Pierre-André Taguieff dans sa pertinente et remarquable préface car « l’une des grandes impostures politico-intellectuelles des années 2000 consiste dans la tentative de disqualifier la volonté de résister à l’offensive islamiste en l’attribuant en propre aux néo-conservateurs américains, stigmatisés en tant que « nouveaux réactionnaires » ou « impérialistes ». Aux yeux des nouveaux bien-pensants, combattre résolument l’islamiste radical, ce serait prendre le parti de la « réaction » ou de l’ « impérialisme américain », rejoindre le camp des complices de « l’Empire » ». Et Taguieff d’ajouter : « Il faut rétablir la vérité sur cette question décisive ». Et la vérité, celle que nous décrit Matthias Küntzel, chapitre après chapitre, c’est la relation entre les Frères Musulmans, les Palestiniens et le monde arabe, le pogrome du 2 novembre 1945 au Caire, le jihad et son « art de la mort » tels que conçus par Hassan al-Bana et Sayyid Qutb, la Landesgruppe Ägypten, section égyptienne du parti nazi, les troubles antisémites de la « grande révolte arabe de 1936-1939 », les mouvements de jeunesse arabes pro-nazis ou d’inspiration nazie comme la Futuwwa en Iraq ou la « Jeune Égypte », la publication de Mein Kampf dans les pays arabo-musulmans, la constitution d’une unité spéciale SS prête à poursuivre en Palestine la réalisation de la Shoah. Ou encore, sous l’influence nocive du Mufti, l’échec du projet de sauvetage de 5000 enfants juifs qui finiront assassinés, par sa faute, dans les chambres à gaz. Et tant d’autres vilenies patiemment répertoriées par l’auteur qui analyse également l’islamisme égyptien, de Nasser à nos jours, la politique du Hamas et les liens entre le 11 septembre et Israël.
On ne peut que partager l’opinion du préfacier pour lequel « ce livre percutant devrait réveiller les esprits dangereusement assoupis face à la menace islamiste ».
Face à cette déferlante islamiste qui menace Israël, les Juifs et le monde entier, force est de constater que certains esprits libres dans le monde arabo-musulman, n’hésitent pas à prendre les risques les plus insensés pour que la vérité éclate au grand jour. C’est le cas, notamment, de Mohamed Sifaoui, Bassam Tibi, Boualem Sansal et Abdelwahab Meddeb auxquels il convient de rendre hommage. Un livre fort, un livre nécessaire. Remarquable.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions de L’œuvre. Octobre 2009. Traduit de l’anglais par Cécile Brahy. Préface de Pierre-André Taguieff. 240 pages. 20 euros