Dans le droit fil des travaux des deux grands historiens du judaïsme oriental, Schlomo Dov Goitein (1900-1985) et Hayyim Zeev Hirschberg (1903-1976), Fenton et Littman, qui avaient prévu d’étendre leurs investigations au Maroc, à l’Algérie, à la Tunisie, à la Libye, à l’Égypte, à la Syrie, à la Palestine, à l’Irak, au Yémen, à l’Iran et à la Turquie, ont été amenés, pour diverses raisons, à limiter ce premier rapport au Maroc et à l’Algérie. Le résultat, quelque huit cents pages, n’en est pas moins saisissant. Un exemple, parmi des centaines, donnera une idée claire des textes peu connus qui nous sont dévoilés, celui du traité de Muhammad ben Abd al-Karîm al-Maghîlî (1440-1504), docteur tlemcénien qui fixa, en son temps, les règles de la dhimma. Vu l’importance de ce texte dont l’auteur est, de nos jours, vénéré comme un saint et dont la tombe, au Touat, est un lieu de pèlerinage, Littman et Fenton nous le traduisent en totalité. On peu ainsi y lire ces mots terrifiants : « Je jure par celui dont dépend ma vie que tuer, ne serait-ce qu’un seul Juif, confère une récompense plus grande que de mener la guerre au pays des polythéistes. Partout où vous les trouverez, saisissez-les et tuez-les ! En tout lieu, pillez leurs biens, capturez leurs enfants et leurs femmes jusqu’à ce qu’ils se soumettent complètement aux lois islamiques, de la manière la plus stricte. Ces scélérats iniques doivent être assujettis à la capitation et à l’humiliation. Ils doivent être promenés chargés de chaînes et de fers dans toutes les contrées et à toutes les époques afin de manifester la gloire du prophète élu ».
Une abondante et riche iconographie illustre ce livre qui fera date.
Jean-Pierre Allali
Éditions PUPS. Novembre 2010. 802 pages. 32 euros.
Photo :D.R.