Sans oublier Charles Bronson ( Charles Buchinsky), Lauren Bacall (Betty Joan Perske) dont le père était le cousin germain de…Shimon Peres, Romain Gary alias Émile Ajar (Roman Kacew).
Parmi les grandes figures litvaks en France, on relève notamment le psychiatre Eugène Minkowski, son fils, le pédiatre Alexandre Minkowski, Mordehai Litvine, l’auteur du « Temps des Cerises », Emmanuel Levinas, la famille Dugowson, Wladimir Rabi, Jacob Gordin, le maître de Léon Askénazi Manitou ou encore Samuel Pisar.
Le CRIF est bien représenté dans ce panthéon avec « Le militant bundiste parisien Fajwel Ostrynski, né à Krynki, une cité litvak dont les ouvriers tanneurs étaient très combatifs, connu sous le nom de Chraguer, est l’un des fondateurs du CRIF ». On pense aussi à Henry Bulawko et Bernard Kanovitch.
Même les rois de la pègre, Meyer Lansky ( de son vrai nom, Majer Sucholianski) et Arnold Rothstein, on les garde, pour le fun, ils sont de la famille !
En fait, si cette liste impressionnante dont nous ne donnons ci-dessus qu’un petit aperçu, est si dense, c’est que l’aire litvak est plus étendue qu’on l’imagine. Elle est loin de se limiter à la seule Lituanie. Alors que la Lituanie actuelle couvre 65 000 kilomètres carrés, la Litvakie s’étend, elle, sur environ 350 000 km2 incluant le sud de la Lettonie, la Biélorussie, le nord-ouest de l’Ukraine, une partie de la Russie occidentale ( y compris le sud-est de l’oblast de Kaliningrad, l’ancienne Königsberg) et le nord-est de la Pologne.
L’ouvrage parcourt l’histoire tourmentée du peuple litvak, nous décrit sa culture, ses mœurs, ses idéologies, son quasi-anéantissement par la Shoah, sa dispersion à travers le monde et le maintient, envers et contre tout d’un fond litvak en résilience, même si « La Litvakie appartient désormais à l’Histoire ».
En fin d’ouvrage, les auteurs semblent imputer aux Séfarades (Revoilà les Tunes !!) le déclin du litvakisme, du moins en Israël : « L’arrivée en Israël dans les années 1960 de très nombreux Séfarades, originaires du Machrek et du Maghreb (notamment du Maroc), parlant l’arabe, le judéo-espagnol ou le français, tout en « droitisant » le pays , a contribué à marginaliser la composante litvak de la société et la vieille langue d’origine ». Discutable.
Une autre petite critique, le peu de soin apporté à la relecture, notamment pour ce qui est des notes. Quelques exemples : « Hayim Yosef David Azoulay, rabbin érudit d’Afrique du Nord ». Le ‘Hida, bien qu’issu d’une vieille famille juive marocaine, est en réalité né à Jérusalem et mort à Livourne. « Daril Boubabeur » pour Dalil. Quant à l’ENIO, elle n’est pas l’École Nationale Israélite Orientale, mais l’École Normale… et la WIZO, c’est la Women International Zionist Organisation et non la « World… »
Reste, tout compte fait, un ouvrage très agréable à lire qui fourmille d’informations et de précisions, un véritable trésor pour les héritiers spirituels de la litvakie. À découvrir.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions La Découverte. Septembre 2008. 324 pages. 22 euros.