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Dans la Maison de Nina, l’ambiance est politisée. Des influences contradictoires, communiste et sioniste dominent. En 1945, on annonce à Nina, l’arrivée d’enfants rescapés d’Auschwitz et de Buchenwald. Des enfants qui ont connu l’enfer, doivent réapprendre à vivre. Miraculés de la mort, ils s’affrontent aux enfants cachés dont ils ne partagent pas la même langue et la même culture. Venant de l’Europe de l’Est, formés dans le moule identitaire de la yiddishkeit, ils imposent petit à petit les règles religieuses, ces repères qui leur restent. Nina, la laïque se surprend à allumer les bougies de shabbat, car elle a l’intuition que la reconstruction des rescapés des camps passe nécessairement par ce retour à leurs racines que les nazis ont voulu couper.
« La Maison de Nina » a été mis en scène par Richard Dembo, qui avait réalisé en 1984 « La diagonale du Fou », qui lui avait valu un César en France et un Oscar aux Etats-Unis. Mais « La Maison de Nina » restera une œuvre inachevée : Richard Dembo est mort avant d’avoir pu terminer le montage de son troisième film.
Ce film vaut par la performance d’Agnès Jaoui, qui a été « touchée personnellement » par ce rôle, car dépositaire d’une « histoire commune » et qui pour la première fois de sa carrière s’est retrouvée en train de jouer un personnage « gentil, maternel et enveloppant ».
Le film de Richard Dembo met la lumière sur ces maisons oubliées qu’ont été les homes d’enfants juifs dirigés par des gens admirables.
« La Maison de Nina » ne peut laisser indifférent. L’émotion passe. Mais l’œuvre de Richard Dembo renvoie au débat sempiternel de la capacité de restitution par un film, de la Shoah.
Richard Dembo avait anticipé ce questionnement, un mois avant le début du tournage : « Raconter aujourd’hui l’histoire de cette maison et des enfants qui y vécurent, répond à une nécessité profonde. Que tous ceux pour qui cette histoire est celle de leur survie veuillent bien me pardonner les libertés que j’ai prises pour la restituer. Cette fiction était sans doute le seul moyen de rendre compte de ma propre difficulté à être vivant aujourd’hui ».
Haïm Musicant